Le monologue dramatique fin de siècle, 1872-1899 : une mode des débuts de la troisième République française, 1870-1914 ou l'art de parler pour ne rien dire
Institution:
Lille 3Disciplines:
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Dans les vingt-cinq dernières années du XIXe siècle apparaît la vogue du monologue dramatique, courte pièce comique à un personnage. Les comédiens les plus réputés de l'époque s'y prêtent, au théâtre comme dans les salons parisiens. Nombre de dramaturges débutent ainsi pour se faire connaître, dont Feydeau. On attribue la paternité du genre à Charhes Gros, avec Le Hareng saur. Il confie à Coquelin cadet (comédien vedette de la Comédie-Française) l'interprétation de ses premiers monologues. Le premier couple ainsi posé promeut avec un grand succès ces textes auquel tant d'autres vont s'essayer. Ces textes courts, en vers ou en prose, formant un corpus volumineux. Sa qualité est inégale, mais il nous paraît difficile d'écarter certains textes au nom d'un critère de qualité esthétique : il est lié à celui de sa fonction sociale. Nous envisagerons son inscription et ses enjeux socio-historiques d'une part, esthétiques et dramatiques d'autre part. Du point de vue de la critique littéraire, il s'agit d'un terrain vierge. Quant au théâtre, ces textes laissent au XXe siècle une double trace : celle du divertissement théâtral (Cocteau) ; celle de l'expérimentation de ses limites (de Beckett à Dario Fo). Cette mise en danger de la théâtralité est pleinement présente dans les textes de la fin du XIXe siècle, qui déploient aussi une capacité généralisée de négation réflexive : la parole du personnage repose sur un malentendu initial tel que le discours entier est finalement annulé, réduisant l'action à la spectacularisation d'une parole vaine et littérale, qui motive l'efficace dramatique d'une logorrhée mécanique. Pris entre la récitation poétique dans le cas de l'écriture en vers, et le récit purement narratif, dans celui de l'écriture en prose, ces monologues mettent donc en cause leur propre théâtralité, tout en présentant un miroir satirique à la société bourgeoise