Le gouvernement de la santé : l'exemple du cancer
Institution:
NiceDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Starting from the genealogy of “cancer” as a medical object, we explore all experience fields affected by this disease using Michel Foucault’s theoretical and conceptual toolbox. We chose to consider the disease as a total fact. Then it appeared interesting to explore the social, political, anthropological, psychological and cultural dimensions of the disease. Medical knowledge produced cancer as a united reality although it escaped medicine to become an object of the political care of population. A biopolitic perspective is fundamental in our approach as it is the mean by which we may be able to address the matter of incorporated political structures, of relations from the body to institution, and to insist on the forms of subjectification issue. Cancer serves as a mediation for calling into question the individual “weltanschauung” (conception of life). Living with the disease forces oneself to rebuild a coherent self unificating the various experiences and events he went through using self-related narratives and internalizing a normative speech held by subjectivity experts. All dimensions of the human life imbricate within the care of health. It can be understood in a governmental form, for health is a political object that needs peculiar actions to be encouraged or protected. Health, therefore, can be seen as a product of social apparatuses, power relations, and relations to oneself. What sparks us particularly is to demonstrate how the political work about health stakes has a great influence on the psychic life, and even the intimate life, of individuals, sick or not.
Abstract FR:
À partir de la généalogie de l’objet médical « cancer », nous explorons à l’aide des outils conceptuels et théoriques de Michel Foucault les différents champs touchés par la maladie, comprise comme fait total. À partir de là, il nous paraît intéressant d’explorer les dimensions politiques, sociales, symboliques, psychologiques et culturelles de la maladie. Nous partons du cancer comme produit du savoir médical pour tenter de comprendre par la suite en quoi celui-ci échappe à la médecine pour devenir un objet de souci politique des populations. La perspective biopolitique est essentielle dans notre démarche, et c’est en passant par ce prisme que nous pouvons ensuite aborder les questions des structures politiques incorporées, et des rapports du corps à l’institution, avant d’insister sur la question des modes de subjectivation, ou comment le cancer apparaît comme objet d’une remise en question de l’individu porteur de sens. Vivre avec la maladie nécessite de mettre en cohérence tous les pans de son existence en passant par le récit de soi ainsi qu’en intégrant tout un discours normatif de la part d’experts en subjectivité. Nous trouvons donc imbriquées un certain nombre de dimensions d’un même souci de la santé, qui se retrouve agencé sous la forme du gouvernement : la santé comme objet politique qui nécessite des actions particulières, la santé comme production de dispositifs sociaux, de rapports de pouvoir, et la santé comme objet d’un rapport à soi. Ce qui nous intéresse tout particulièrement, c’est de tenter de démontrer en quoi le travail politique autour de ces enjeux de santé influe très nettement sur la vie psychique, et même intime, des individus, malades ou non.