Kairos, l’irruption du sens au cœur de la complexité humaine : le joueur, le médiateur, le stratège
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
It is the Greek Antiquity which bequeathed us the kairos. More than a word, which means opportune moment to seize the occasion, it is also a mythological figure. The youngest of the sons of Zeus is doubtless the most important; while running, he promises to the audacious which would succeed in seizing him by the lock overtaking his forehead to be decisive in his action. This figure of time is an anti-fate, which offers to the man a grip on things and encourages it to be attentive; no to make him an opportunist but to incite him to wonder about what he can make of better and discover a "elaborate harmony". This word also indicates the thread of the weft, interlaced and conductive: it is what separates and connects and can thus allow us to discover of the sense in a muddled reality. By revealing us the existence of spaces-time singular when there is something to make, it challenges us and makes of us "players": how to find the appropriate measure, how to turn an unfavourable situation by inventing a solution that can’t wait? "Mediator", the kairos is also: between me and the world, but also between me and myself, because my relation to the occasion incites me to understand what I am in search. So, what can we teach of him? The paradox of the kairos, it is the problem of the strategist; because he is asked to anticipate what he doesn’t know the shape. How can the strategic thought turn to good account this concept in an uncertain world? Rediscovering the kairos today allows to reinvest action, to seize better the stakes with it and register it in a time which is appropriate for him it.
Abstract FR:
C’est l’Antiquité grecque qui nous a légué le kairos. Qu’est-il au juste ? Pas seulement un mot, qui nous parle du bon moment pour saisir l’occasion opportune au moment où elle passe, mais aussi une figure de la mythologie. Le plus jeune des fils de Zeus est sans doute le plus important ; dans sa course, il promet à l’audacieux qui parviendrait à le saisir par la mèche de cheveux dépassant de son front de se montrer décisif dans son action. Cette figure du temps est un anti-destin, qui offre à l’homme une prise sur les choses et l’encourage à se tenir attentif ; non point pour en faire un opportuniste mais pour l’inciter à s’interroger sur ce qu’il peut faire de mieux et à découvrir une « harmonie circonstanciée ». Le grec désigne aussi par ce mot le fil de la trame, entrelacé et conducteur : il est ce qui sépare et relie et peut donc nous permettre de découvrir du sens dans une réalité enchevêtrée. En nous révélant l’existence d’espaces-temps singuliers où il y a quelque chose à faire, il nous lance un défi et fait de nous des « joueurs » : comment trouver la mesure appropriée dans l’action qu’il faut mener à cet instant ? Comment retourner une situation défavorable en inventant une solution qui n’attend pas ? « Médiateur », le kairos l’est entre moi et le monde, puisqu’il est l’art d’envisager parmi les possibles celui qui convient à la situation, mais aussi entre moi et moi-même, puisque ma relation à l’occasion m’incite à comprendre ce dont je suis en quête. Que peut-on enseigner de lui ? Le paradoxe du kairos, c’est le problème du stratège, à qui l’on demande d’anticiper ce dont il ne connaît pas la forme. Comment la pensée stratégique peut-elle mettre à profit ce concept dans un monde incertain ? Redécouvrir le kairos aujourd’hui permet de réinvestir l’action pour mieux en saisir les enjeux et l’inscrire dans un temps qui lui est propre.