thesis

Critique de l'autarcie morale : sur les conditions extérieures du rapport à soi

Defense date:

Jan. 1, 2008

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Institution:

Lille 3

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Thsi essay adopts a relational and political viewpoint on morals. It analyzes the moral relation to oneself from its exterior conditions. It explains and criticizes then the illusion of moral autarky, which is inherent to self-scrutiny, from a study of the stoic model. This critique allows to revert to the fundamental relation to oneself by which one constitutes oneself as the subject of his own life : the sense of existence and of his belonging to the world. In the moral experience, the relation to existence prevails indeed over self-esteem or self-respect, the position in a system of relations prevails over identity and interiority. The relational dimension of human implies that the moral subject cannot be conceived from the oppositions between autarky and exteriority, between sovereignty and vulnerability. Some conditions are required to institute and to maintain an autonomous relation to oneself. Taking this heteronomy of autonomy in account implies to distinguish the operation by which one institutes oneself as a subject, from the exercise of a power on oneself. Hannah Arendt's and Simone Weil's thoughts provide the elements to conceive such a relation to oneself, that consists in claiming his own life and in locating it in the world, and that defines an equivocal, no sovereign and related subject. This relation is not only based on mental activity, but requires an exteriorization. The study of therapeutic and literary narratives suggests how important is the activity of storytelling in order to institute a relation to the world

Abstract FR:

Cette étude adopte une perspective relationnelle et politique sur la morale. Elle analyse le rapport moral à soi depuis ses conditions extérieures. Elle explique et critique donc l'illusion de l'autarcie morale inhérente à l'examen de soi, à partir de l'étude du modèle stoïcien. Cette critique permet de revenir au rapport fondamental à soi par lequel on devient le sujet de sa vie : le sentiment d'exister et d'être inscrit dans le monde. Dans l'expérience morale, le rapport à l'existence prime en effet sur l'estime ou le respect de soi, la position dans un système de relations sur l'identité et sur l'intériorité. La dimension relationnelle de l'existence humaine implique qu'on ne peut pas penser le sujet moral à partir des oppositions entre autarcie et extériorité, entre souveraineté et vulnérabilité. Il y a en effet des conditions à l'instauration et au maintien d'un rapport à soi autonome. Le monde conditionne, sinon les croyances morales, du moins la capacité de porter un regard moral sur le réel. La prise en compte de cette hétéronomie de l'autonomie implique de distinguer l'opération par laquelle on s'instaure comme sujet de l'exercice d'un pouvoir sur soi. Les philosophies de Hannah Arendt et de Simone Weil offrent les éléments pour concevoir un tel rapport à soi, consistant à s'attribuer sa vie et à l'inscrire dans le monde, et délimitant un sujet équivoque, non souverain et en relation. Ce rapport ne repose pas sur la seule activité de l'esprit mais nécessite une extériorisation. L'étude des récits thérapeutiques et littéraires de violences politiques et sociales indique ainsi l'importance de l'activité de raconter dans l'institution d'un rapport au monde