Mise en demeure de la communauté : hétérologies politiques de Georges Bataille
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The community is divided between its political construction and its tragic expressions. The community is also the milieu through which philosophy transfers its truths to the political field. Through a comparison of these propositions with Plato's and Aristotle's, this study, first, emphasizes the function of myth in the birth of political community, and the part played by tragedy which, through its representation of the city's memories of internal conflicts, obliges it to face them. Dyonisus, and the danger he carries with him from one city to another, is the deity – the repulsed deity – through which this study opens onto the genealogy of Bataillienne community. Following Bataille's experiences and interventions in different groups - journals, colleges, and secret societies – this study weaves together representations of man and of community, recalling Jean-Luc Nancy's and Maurice Blanchot's subsequent readings. Because he constituted a community to respond the rise of fascisms, and because he afterwards turned away from it to commit himself to inner experience, Bataille bore witness to the experience of the decline of community. If totalitarisms gave rise to forms of absolutization of the community, what is at stake here is an interrogation of the place of Bataille in these reflexions and an accounting for the importance of his thought and his experiences, which have been dismissed. The sovereign, erotic and sacred part running across community and going beyond it, is thus the part that is finally recalled to show the importance of sovereignty and non-knowledge in a political thought that Bataille put to the test confronting the events of his time.
Abstract FR:
La communauté est divisée, entre sa construction politique et ses expressions tragiques. Elle est aussi le milieu par lequel la philosophie transfère ses vérités dans le champ politique. En exposant ces propositions à celles de Platon et d’Aristote, notre travail souligne dans un premier temps la place du mythe dans la naissance de la communauté politique, et l’intervention de la tragédie qui met en jeu la mémoire des conflits internes à la cité, et oblige celle-ci à s’y confronter. Dionysos et le danger qu’il porte avec lui de cité en cité est la divinité – rebutée – avec laquelle nous entrons dans une généalogie de la communauté bataillienne. En suivant les expériences et les interventions de Bataille dans différents groupes – revues, collèges et sociétés secrètes –, nous tissons des représentations de l’homme et de la communauté, à partir desquelles nous revenons sur les interprétations que Jean-Luc Nancy et Maurice Blanchot ont proposé après lui. Parce qu’il a constitué une communauté pour répondre à la montée des fascismes, et parce qu’il s’en est ensuite détourné pour s’engager dans l’expérience intérieure, Bataille témoigna de l’expérience du déclin de la communauté. Si les totalitarismes donnèrent lieu à des formes d’absolutisation de la communauté, il s’agit ici d’interroger la place de Bataille dans ces réflexions et de mesurer la part de sa pensée et de ses expériences qu’elles ont écartée. La part souveraine, érotique et sacrée qui traverse la communauté et la déborde, est ainsi cette part que nous rappelons finalement pour montrer l’importance de la souveraineté et du non-savoir dans une pensée politique que Bataille met à l’épreuve des événements de son temps.