L'élaboration de l'idée d'éducation nationale, 1748-1789
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The expression éducation nationale is an invention of the second part of the eighteenth century. La Chalotais was the first to use it in 1763, but he came after Montesquieu and Rousseau who prooved the value of education as a political concept. Till 1789, the meaning of the expression grows richer in political, anthropological and pedagogical debates taking the various forms of plans, treatises or fictions. We have pointed up four periods, from 1748 to 1789, during which writers are oscillating between abstract forms and genres closer to reality. The works where the idea of national education is growing want sometimes to deepen the idea, examining it in theory, and sometimes to have an immediate influence upon reality. Authors often choose the form of the plan (of public education) because they hope that their instructions should be followed by the political power. At the same time as the idea of national education is being elaborated, the activity of citizenship is coming out. Each writer has a new conscience of his function in public life of the whole group. But, under the monarchy, the efforts to organize education by plans have no success, even if the idea has a great one: each writer seems to be alone, even if each tries to unify the nation by the mean of education, which creates the fusion between what is public and what is private.
Abstract FR:
L'expression « éducation nationale » est une invention de la seconde moitié du XVIIIe siècle : si elle est apparue pour la première fois chez La Chalotais en 1763, elle suit les conceptualisations politiques de l'idée d'éducation que font Montesquieu en 1748 puis Rousseau en 1762. Jusqu'en 1789, le sens d'éducation nationale s'enrichit de débats politiques, anthropologiques et bien sûr pédagogiques qui empruntent, suivant les circonstances, les formes du plan d'éducation publique, du traité ou même de la fiction. En mettant en évidence les quatre périodes qui, de 1748 à 1789, marquent l'histoire de l'idée, nous montrons comment, oscillant entre les formes abstraites et les genres littéraires plus proches du concret, les ouvrages dans lesquels s'élabore l'idée d'éducation nationale sont tantôt portés vers l'approfondissement théorique, tantôt vers le désir d'action immédiate sur le réel. Le choix du plan revient régulièrement, témoignage de l'espoir des écrivains, humbles citoyens du siècle plus souvent que célèbres philosophes, déçus par leurs contemporains, d'influencer les décisions politiques. En même temps que l'idée d'éducation nationale s'élabore en effet une activité citoyenne, chaque écrivain prenant conscience de sa participation au bien public. Or, sous la monarchie, au succès de l'idée d'éducation nationale fait écho l'échec du discours planificateur et réformateur. Les auteurs s'épuisent à attirer l'attention du souverain et leur voix parait toujours isolée malgré leurs efforts pour réveiller l'idée unificatrice de la nation, en faisant de l'éducation le creuset de la fusion du particulier et du public.