Beauté et violence : crimes de sang et scènes de meurtre dans la littérature romantique (1823-1848)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis studies the links between beauty and violence in the romantic literature (novel poetry, theatre, theoretic writings), throughout crime scenes. It intends to demonstrate that romantism, following the enlightenment, defined new criterions of beauty and opposed to the classical rules of order and harmony those of wounded bodies' in a mix of grotesque and sublime. Therefore, crime scenes seem to be the place where this new definition reaches its higher point, its most visible dimension. Following an historical pattern, in order to stress the importance of the French revolution and of the guillotine scenes, our study follows the transformations of a body imaginary which explores the maestrian analysis of blood, Balzac’s vitalism or Stendhal’s energy worship. Criminal figures are the epitomy of this new esthetic: female vampires, bloody nuns, "exotic" characters (the Corsican, the Negro, the Italian. . . ), fictive or real murderers (Lacenaire), all of them practicing crime as a fine art. Crime scenes are the romantic arts of poetry. Murder becomes then the support for numerous scenic variations: decapitated or slaughtered bodies, profaned hearts, the violent death introduces to a spectacle in which blood is linked to sensual pleasure. Confronted to a text which shows and dramatizes crime, the reader is transformed in a voyeur by a writer who plays with this fascination, and is ironical about his reader's attraction for blood. Blood and crime imaginary goes throughout the whole romantism, feeds its scenes, and is a means to the renewing of the genres and of the reader's statute. Violence becomes a language: recurrent scenes, intertextuality, cliches often employed in an ironical way. In this very point, violence meets derision.
Abstract FR:
Cette étude porte sur les rapports de la beauté et de la violence dans la littérature romantique (roman, poésie, théâtre, écrits théoriques), à travers le prisme des scènes de meurtre. Elle a pour ambition de montrer comment le romantisme a redéfini, à la suite des Lumières, les critères de la beauté et a opposé aux canons classiques d'ordre et d'harmonie ceux du corps meurtri, appariant grotesque et sublime. En ce sens, les scènes de crime constituent un lieu où ces redéfinitions esthétiques atteignent leur paroxysme, leur pleine visibilité. Placée dans une perspective historique, qui met en valeur l'importance de la Révolution française et de cette scène capitale qu'est la guillotine, notre recherche suit les transformations d'un imaginaire du corps qui passe par la lecture maistrienne du sang, le vitalisme balzacien ou le culte de l'énergie chez Stendhal. Les figures criminelles incarnent cette nouvelle esthétique : femmes vampires, nonnes sanglantes, personnages "exotiques" (le corse, le noir, l'italien. . . ), meurtriers fictifs ou historiques (Lacenaire), tous font du crime une pratique esthétique. Les scènes de crime sont les arts poétiques du romantisme. Le meurtre fait alors l'objet de multiples variations scéniques : corps décapités, mutiles, cœurs profanes, la mort violente est l'occasion d'un spectacle ou le sang s'allie à la volupté. Face à un texte qui exhibe et théâtralise le crime, le lecteur est place en position de voyeur, par un écrivain qui se joue de sa fascination, ironise sur son attrait pour le sang. L'imaginaire du sang et du crime traverse donc le romantisme, nourrit ses scènes, participe à un renouvellement des genres comme du statut du lecteur. La violence constitue une langue : scènes récurrentes, jeux de réécritures, cliches souvent ressaisis par les auteurs sur un mode ironique. La violence est aussi le lieu d'une dérision.