Le Marquis d'Argens : de la philosophie au roman
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Abstract EN:
The marquis d’Argens (1703-1771) was the son of a general attorney at the parliament of Aix-en-Provence. He went into exile to Holland and became allied of the Protestants. There he wrote under the guidance of Prosper Marchand, one of Pierre Bayle’s most influent heirs. At the age of 32, d’Argens published a series of philosophical letters, intitulated Lettres juives, Lettres cabalistiques et Lettres chinoises”. We consider that his correspondence philosophique is not a compilation of Pierre Bayle’s works but that it is a fiction based on the exigency of artistical originality and a keen understanding of history. In this work the Provençal writer shows us his deep knowledge of theological, philosophical and moral scriptures, from antiquity up to the eighteenth century. We demonstrate that his fictional work reveals his will of transforming the theological system based on scholastic legacy into some skeptical and at the same time rationalist way of thinking. D'Argens was a disciple of Fontenelle, but also an assiduous reader of Richard Simon who is probably the most prominent inspirer of his Lettres juive, d'Argens is a precursor of the “philosophie des Lumières” and a novelist trying, through fictions, to elaborate a thoroughly individualistic moral philosophy.
Abstract FR:
Fils d'un procureur général du parlement d’Aix-en-Provence, le marquis d’Argens (1703-1771) s'exile en Hollande et devient un allié des protestants. Il travaille sous la direction de Prosper Marchand, l'un des héritiers les plus influents de Pierre Bayle. A trente-deux ans d’Argens publie une série de lettres philosophiques qui s'intitulent Lettres juives, Lettres cabalistiques et Lettres chinoises ». Au lieu d'être une compilation de l'œuvre de Pierre Bayle la correspondance philosophique est, à notre sens, une création romanesque fondée sur l'exigence de l’originalité artistique et le sens aigu de l'histoire. L'écrivain provençal y témoigne des connaissances solides des écrits théologiques, philosophiques et moraux de l'antiquité au début du XVIIIe siècle. Nous montrons que la création romanesque du marquis d’Argens révèle la volonté de transformer le système théologique fonde sur l'héritage scolastique en une forme de pensée sceptique et rationaliste. Disciple de Fontenelle, d’Argens est également un lecteur attentif de Richard Simon qui est sans doute l'inspirateur le plus remarquable de ses lettres juives. Précurseur de la philosophie des Lumières d'Argens est aussi un romancier qui s'efforce au recours de l'écriture de fiction, d'élaborer une philosophie morale foncièrement individualiste.