Figures de l'Occupation dans les romans de Patrick Modiano
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
It seems that years of French occupation have had a great influence on Patrick Modiano's work - and being. Very few novels don't deal with this period, which is a cornerstone of the artist's writings. In order to make easier the understanding of the novelist's trauma, we propose a reflexion divided in three parts. First, we try to give a suggestive view of the work based upon World War II. Modiano mixes up reality and fantasy in a kind of vortex, which is the narrative translation of the author's discorded mind. This state of things finds its outcome in the original system of the stylistic devices used by Modiano. The question is studied in a second part of this work. The events don't always find their place in a logical way, so that the core of trauma is out of reach, covered by the layers of time. In fact, the narrator's strategy seems to be focused on a single spot, which is the hiding of tremor behind the shelter of forgery. At last, we try to show how the memory of French occupation plays an important part in the building of the author's personality. It seems obvious that the protagonists of Modiano's first books are essentially the specter of human beings. The disintegration of the soul is the best way to survive in the corrupted and ruthless world of occupation, and above all, the consequence of the loss of the father.
Abstract FR:
Les années d'occupation ont marqué Modiano à un point tel qu'il est très peu d'œuvres de cet auteur à ne pas renvoyer, de manière explicite, à cette période. Afin de saisir toute la portée du traumatisme généré par les « années noires », et de comprendre comment celles-ci ont pu façonner, a posteriori, l'identité du romancier, il a paru intéressant d'articuler la réflexion autour de trois pôles principaux, susceptibles de rendre compte de toute la complexité des rapports entretenus avec la seconde guerre mondiale, et d'illustrer l'évolution de ceux-ci entre la fin des années soixante et le début des années quatre-vingt-dix. Un premier développement concerne la peinture de l'époque, qui mêle le fantasme à l'exactitude de la reconstitution. Les romans de la première période sont caractérisés par l'ambivalence des choix narratifs, Modiano apparaissant incapable d'effectuer le départ entre la fantaisie de la recomposition et l'exactitude historique. Ce vacillement explique le chaos qui préside à l'organisation des récits, auquel est consacré le deuxième moment du développement. Dans les premiers romans, en particulier, l'écriture vient épouser le bouleversement moral et psychologique de la période, rendant de ce fait très difficile le travail de catharsis auquel Modiano entend se livrer. De fait, l'occupation semble fonctionner à la manière d'une zone-écran, de sorte que les mécanismes d'écriture mis en place semblent se retourner contre leur créateur. Enfin, l'interrogation sur la période prend en charge une réflexion sur le statut de l'être, la place qu'il occupe dans le monde et la légitimité conférée à son existence.