thesis

Entre le roman et l'histoire : l'esthétique de l'anecdote au XVIIIe siècle

Defense date:

Jan. 1, 1986

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Institution:

Paris 10

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This study, of analytic and historical nature, deals with works entitled anecdotes. Some one hundred texts are explored. All the different forms representative of this literary genre are presented. The anecdote, a minor literary genre, is nevertheless worth consideration because of its immense popularity in its time. The great amount of the reading material available made a selection necessary; hence the choice of texts that deal more specifically with historical aspects. The "high-hearted" anecdote often assumes a historical character and then adapts it to the requirements of fiction-writing. This work points to its origins and defines the context in which it functions. At this very point, the anecdote's aesthetic qualities, long unformulated, appear in full light. History is for the most part used to decorate and is rearranged to fit the literary convention. The literary anecdote which closely resembles tragedy, shows us how drama gives impulses to history. Despite its convention and complexity the anecdote was meant to "plaire et instruire". In fact, the secret love stories, the portraits of princes and kings, the illustration of the court, are not historically valid but adapted to convey a satirical and moral message. Throughout the eighteenth century the anecdote became more and more like a moral tale. Because it drew on real-life experience, the literary anecdote of the eighteenth century temporarily restored to the novel its verisimilitude and moral values. An analysis of the public’s reception permits to formulate the following conclusions: the anecdote satisfied the reader’s curiosity as well as their taste for scandal; but it was criticized for its betrayal of historical facts. This explains why the anecdote was short-lived literary genre.

Abstract FR:

Cette étude se consacre aux œuvres du dix-huitième siècle portant explicitement le titre : anecdote (s). Elle se veut à la fois diachronique et analytique, et explore ainsi une centaine d'ouvrages. On y présente d'abord une typologie des diverses figures revêtues par ce genre mineur, néanmoins valorise par l'ampleur de son succès commercial. Devant ce foisonnement des limites ont été imposées a la recherche critique : elle a été plus particulièrement orientée sur les recueils exploitant des sujets historiques. Cette littérature de divertissement, en effet, privilégie la narration historique, et l'accommode à une prose d'imagination. On en expose les sources et on définit le contexte dans lequel elle s'inscrit. Se dégage alors une poétique du genre restée longtemps informulée. Pour l'essentiel, l'histoire y est le plus souvent réduite à l'état d'ornement, et doit se soumettre aux arrangements romanesques. L’anecdote littéraire, très proche aussi de la tragédie, nous montre les ressorts dramatiques de l'histoire. En dépit de ses conventions et de son aspect composite, ce genre révèle combien il est propre à "plaire et instruire" : ses histoires secrètes et galantes, ses portraits de princes et de rois, sa peinture de la cour ne répondent pas aux exigences de la vérité historique, mais à celles de la satire et de la morale. Au fil du siècle il s'est de plus en plus apparent au conte moral. Grâce à la caution du vécu l'anecdote littéraire a temporairement rendu au roman sa vraisemblance et ses valeurs morales. L’étude de sa réception aboutit à un double constat : elle satisfait la curiosité des lecteurs, tout comme leur goût du scandaleux, mais on lui reproche ses trahisons de l’Histoire. Ainsi s’explique son caractère éphémère.