Le sentiment d'ennui dans la littérature française du XVIIIe siècle (1715-1778)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The feeling of boredom in the French literature of the XVIIIth century (from 1715 to 1778) often takes the form of a historical and psychological essay, such as the testimony left by literature. The purpose is to show that the feeling of boredom was very important in the writers' way of thinking in the XVIIIth century, even if they hadn't exclusively worked on it. The work done has two different aspects: reinterpretation of the classics of the XVIIIth century regarding the feeling of boredom; revelation of many minores to confirm what the major writers said. Three fields of investigation appeared: boredom and melancholy in the age of enlightment, the tragic aspects of boredom and finally, boredom and history. In the first one, a portrait of the bored people has been depicted, as it has been noticed in the literary and medical books. After having done a semantic history of the word, it has been proved that the feeling of boredom lead to the consideration of uneasiness. It has been concluded that boredom seemed to be the synonym of two failures: the failure of the heart and the failure of the mind. In the second one, the relationship between fate and boredom has been underlined, as it has been seen in the religious speech. An interest has also been taken in the relationship between the feeling of emptiness and boredom, then in the feminine aspects of boredom. In the third one, it has been shown that boredom was a weapon to criticize, in order to reform XVIIIth century high society mores. Boredom was at the origin of a sad portrait of aristocracy, whose deviations seemed dangerous. The conclusion presented the writers' way of thinking regarding boredom and literary aesthetics.
Abstract FR:
Le sentiment d'ennui dans la littérature française du XVIIIe siècle (17151778) adopte souvent la forme d'un essai de psychologie historique, telle que la littérature a pu en laisser témoignage. Il s'est agi de montrer comment le sentiment d'ennui occupait une place rien moins que négligeable dans nombre de réflexions d'écrivains au XVIIIe siècle, même si aucune oeuvre n'y avait été consacrée exclusivement. Le travail que l'on a fourni a ainsi revêtu deux aspects concomitants: on a, à la fois, réinterprété des classiques du XVIIIe siècle dans la perspective du sentiment d'ennui et révèle de nombreux minorés, dont les ouvrages ont pu donner confirmation de ce que les écrivains majeurs avaient proposé. Trois domaines d'investigation ont été dégagés: ennui et versant noir des Lumières; tragique de l'ennui et ennui et histoire. Dans le premier, on a fait le portrait de l'ennuyé tel qu'il est apparu au fil de réflexions littéraires et médicales. Après une histoire du mot, on a prouvé que le sentiment d'ennui engageait à une réflexion sur la difficulté de vivre. On a pu en conclure que l'ennui apparaissait comme le synonyme de deux échecs: celui du coeur et celui de la raison. Dans le second, on a souligné les aspects fatals de l'ennui, dont la religion s'est faite souvent l'écho. On s'est intéressé également aux rapports entretenus entre la conscience du vide et l'ennui, puis aux aspects de l'ennui féminin. Dans le troisième, on a montré que l'ennui était une arme critique, visant à une réforme des moeurs de la société privilégiée du XVIIIe siècle. On s'est aperçu que l'ennui suggérait la description d'une noblesse triste et oisive, dont les égarements devenaient dangereux. On a terminé par une réflexion sur l'ennui et l'esthétique littéraire, les écrivains du XVIIIe siècle tenant de plus en plus compte de l'horizon de réception.