thesis

Le courage de l'équivoque : politiques des "Fables" de La Fontaine

Defense date:

Jan. 1, 2010

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Institution:

Paris 8

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

How is it possible that the Fables, that contain their own commentary in their final moral, gave rise to such many different political interpretations? The first part studies the hermeneutical strategies of the political commentaries of the Fables (Ch. I-IV), while the second finds in the classical theories of the apologue a rhetorical reading through which the Fables are characterized by a multiplicity of interpretations or equivocation (Ch. V-VI). For scholars the Fables are focused on a face-to-face between the poet and the king: volens nolens, they go back to frame of the courage of truth, parresia (M. Foucault), a topos since the Antiquity: to tell sharply to the prince his true nature (ethos). The second part examines the relevance of this ethical-discursive reading of politics in the XVI and XVII centuries (Ch. VII-VIII), focusing then on the fables in which the parresia is at the center of the scene (Ch. IX). If the parresiastic requirement appears clearly, it is at the same time softened: brutality is abandoned, the parresia became a private affair, the formulation is a task assigned to the princes themselves. The third part studies the Fables as a parresia aimed for prince’s interpretation (they enable him to improve his judgment and his wisdom), but open to other readers (Ch. X). La Fontaine himself makes clear this double destination to the prince and the public (Ch. XI). The Fables reveal the truth, not in the ancient brutal manner, but through equivocation: opened to different hermeneutical alternatives, the spitted text is received by a reader who has to make a choice revealing his ethos (Ch. XII). This equivocation comes from the fabulist’s work on his hypothesis (Ch. XIII). For this reason the politics of the Fables presupposes an ethics and a politics of interpretation (Ch. XIV).

Abstract FR:

Comment les Fables, qui délivrent elles-mêmes leur propre commentaire dans leur moralité, ont pu susciter de multiples interprétations politiques ? La première partie étudie d’abord les opérations herméneutiques des commentaires politiques des Fables (ch. I-iv), puis trouve dans les théories classiques de l’apologue un mode de lecture, rhétorique, à l’aune duquel les Fables se caractérisent par une pluralisation de l’interprétation ou équivocité (ch. V-vi). Les interprètes inscrivent les Fables dans un face-à-face entre le poète et le roi : volens nolens, ils reprennent une scène, topique dans l’Antiquité, de parrêsia ou « courage de la vérité » (M. Foucault) : dire brutalement au prince la vérité de son être (èthos). La deuxième partie examine la pertinence de cette problématisation éthico-discursive de la politique aux XVIe et XVIIe siècles (ch. Vii-viii), puis dans les fables qui mettent en scène la parrêsia (ch. Ix). L’exigence parrésiastique est bien présente, mais infléchie : abandon de la brutalité, privatisation de la parrêsia, délégation de sa formulation aux princes eux-mêmes. La troisième partie étudie les Fables comme parrêsia réservée à l’interprétation du prince (elles exercent alors son jugement et sa prudence), mais lisible par d’autres lecteurs (ch. X). La Fontaine formule lui-même cette double destination entre prince et public (ch. Xi). Les Fables délivrent la vérité, non avec la brutalité antique, mais par l’équivoque : leur réception clivée se double d’alternatives herméneutiques, et le lecteur doit faire des choix interprétatifs qui définissent son èthos (ch. Xii). Cette équivocité est le résultat des opérations du fabuliste sur ses hypotextes (ch. Xiii). La politique des Fables suppose ainsi une éthique et une politique de l’interprétation (ch. Xiv).