La genèse de l'optimisme et du pessimisme : de Pierre Bayle à la Révolution française
Institution:
ToursDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The study explains the genesis of the notions of optimism and pessimism, these mental attitudes that nowadays seem universal, timeless and applicable to all fields whether public or private. The investigation gives the geopolitical and cultural conditions of the emergence of optimism, a doctrine according to which god did not create a world that is perfect but that is optimal. Optimism asks in new terms the question of freedom and of evil and is the cause of the most significant controversy since the reform. The study explores the spreading of the debate in Germany, in the dutch refuge, in England and in France. It analyses how the controversy on the fatalistic implications of optimism becomes a debate in sciences, where the idea of optimum has a leading epistemological role. Finally, the study attempts to assess to what extent Voltaire's deism and the large number of literary texts that it inspired and whose very enunciative and narrative forms imply philosophical played a role in the debate. These texts are the basis of the emerging psychological meaning of "optimist" and of the creation of the neologism "pessimist" that occurred in 1788-9, these terms being immediately re-assigned a political meaning. The creation of the couple of modern notions is both the effect of a long procvess of secularisation of mentalities and the trace of the theological debate: the alternative optimism pessimism results from the fact that a third term was repressed, namely, an atheistic ethical and political philosophy. Eventually, one of the characteristics of our modern mental universe appears to be the secularisation of thought
Abstract FR:
Ce travail consiste à expliquer la genèse même des notions d'optimisme et de pessimisme, de ces attitudes mentales qui nous paraissent, aujourd'hui, universelles, intemporelles, de applicables à tous les domaines de la vie publique ou privée. Cette enquête établit les conditions géopolitiques et culturelles d'émergence de l'optimisme, doctrine selon laquelle dieu n'a pas crée un monde parfait, mais optimal. L’optimisme renouvelle la question de la liberté et du mal en suscitant le plus important débat théologique depuis la Réforme. Cette étude explore sa diffusion en Allemagne, dans le refuge hollandais, en Angleterre et en France. Elle analyse comment cette polémique sur les implications fatalistes de l'optimisme se déplace sur le terrain des sciences, ou l'idée d'optimum joue un rôle épistémologique majeur. Enfin, elle tente d'évaluer la portée de l'intervention du déisme voltairien, et dans son sillage, d'un grand nombre de textes littéraires, dont les formes énonciatives ou narratives induisent des choix philosophiques. C’est de ces textes que résultent, en 1788-89, l'émergence du sens psychologique d'"optimiste", et la création du néologisme "pessimiste", termes immédiatement réinvestis sur le terrain politique. La formation de ce couple de notions modernes hérité d'un long processus de laïcisation des mentalités, mais porte aussi des traces du débat théologique : l'alternative optimisme pessimisme provient en effet de l'occultation d'une troisième voie, une éthique et une politique athées. En définitive, l'une des caractéristiques de notre univers mental moderne serait donc une laïcisation de la pensée, qui ne rompt pas totalement avec la culture religieuse du passé, mais donne plutôt l'illusion d'une telle rupture, illusion entretenue par les acceptions modernes de l'optimisme et du pessimisme.