thesis

Le traitement voltairien du conte

Defense date:

Jan. 1, 1997

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Authors:

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Abstract EN:

Voltaire's tale is less a fictional text than a philosophical concept, a philosophical tool: that approach was made possible by the lesser status and the discredited reputation of a genre as well as by the favor enjoyed by the oriental tale and the fairy tale, which revived an older tradition of parody, and played endless variations on the genre. Paradoxically, the genre was both despised and in fashion, had a recognizable identity but no recognized set of rules. Voltaire, in his Essai, gives it a meaning and a part in the history of the human mind: from then on the word is associated with a new symbolism and the beginnings of reason, with an attempt to interpret the world. At this stage in the 18th century, it is nothing but a remnant of dogmatism with its flaws, systematic procedures, analogical reasoning, metaphorical language, it trusts fiction rather than argumentation, it has become archaic. Voltaire will widen its range to religion, to all the fields of learning, including science. Consequently, the Contes en vers et en prose are not simply tales but a reflection on the symbolism of the tale, no parody but a critical commentary from the inside, on the narrative mode. Today's poetics meet Voltaire’s analysis and style there: the caricature of the major functions of the tale is part of the philosophical project since irony bends the rules of a genre which stops repeating endlessly its own motifs and extolling its own values, to tackle history and become that dialogical space where contemporary ideas confront each other and evolve. Thus, by revising its form and its aims, the tale accedes to a new symbolism and attests to the cultural change in the age of enlightenment. These tales call the tale into question; open-ended, they evolve into other modes of expression, probe the real world, after such a paradoxical and cynical process of change and adaptation that they draw from this very "treatment" an unexpected literary value. That exercise is what we call the challenge and the incongruous.

Abstract FR:

Le conte voltairien est moins une fiction littéraire qu'un concept et un instrument philosophiques: ce traitement était autorisé par le statut mineur et le discrédit du genre, mais aussi par la mode du conte féerique et oriental qui ranimait une tradition parodique ancienne et multipliait les variations sur le genre. Le paradoxe voulait qu'il fût méprisé mais pratique, reconnaissable mais prive de codification établie. Voltaire, dans l'essai, lui donne un sens et une place dans l'histoire de l'esprit humain: le terme s'y charge d'une symbolique et désigne les efforts de la raison commençante, une tentative d'explication du monde. Mais, au XVIIIe siècle, il ne désigne plus qu'une survivance du dogmatisme avec ses tares, esprit de système, raisonnement analogique, langage métaphorique, affabulation en lieu et place d'argumentation, un archaïsme dont voltaire étend le champ d'application, de la religion à tous les domaines du savoir, même scientifique. Par conséquent, les Contes en vers et en prose démarquent plus ce concept que le conte proprement dit, et ils le parodient moins qu'ils n'en font la critique interne sur le mode narratif. C'est ici en effet que la poétique moderne rencontre l'analyse et l'écriture voltairiennes: la caricature des fonctions majeures du conte contribue au projet philosophique puisque l'ironie altère la codification d'un genre qui cesse de reproduire ses propres motifs et de célébrer ses propres valeurs, pour s'ouvrir sur l'histoire et devenir ce lieu dialogique où s'affrontent, s'échangent et évoluent les idées contemporaines. C'est ainsi qu'en revenant sur ses modalités et ses finalités le conte acquiert une nouvelle symbolique et témoigne de la mutation culturelle des Lumières. Au total, des contes critiques et inaccomplis, pris dans leur évolution vers d'autres modes d'expression qui interrogent le réel, au terme d'un travail d'altération et d'adaptation si paradoxal et cynique qu'il tire du traitement même une valeur littéraire inattendue. Cet exercice, nous le nommons la gageure et le saugrenu.