Les monstres et le monstrueux dans le roman populaire de 1830 à 1870
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
One can distinguish two movements within the XIXth century popular novel. Firstly, a body of work similar to the comedy of manners, for example the work of Paul de Kock. Secondly, a set of authors influenced by the gothic novel including Eugene Sue, Frederic Soulié, Alexandre Dumas, Paul Féval and Ponson du Terrail. A study of their works, published between 1830 to 1870, plus those of other authors of lesser importance in this respect, has led to observe that monstrosity is omnipresent in their respective fiction. This notion of monstrosity includes both aesthetics and moral aspects, and is significant enough to entail a study of the narrative of the popular novel and an analysis of the degeneration of romantic idealism. Synthetically the presence of horrific caracters, sordid situations or repugnant elements reveal a loos of the literary nature of literature which, at the same time, paves the way for the realistic and naturalistic novel through experimentation with rudimentary mimesis. Thus, popular literature raises the question of how far one can go in a literature that does away with beauty. Offshoots of the Romantic Movement, adapted to the transformation of the masses into general readers, the popular novel of the period 1830 to 1870 expresses a continual fascination for evil and wickedness at work in a traumatized society and a taste for the superhuman which is strangely reconciled in a defense under the guise of bourgeois moral values. Monsters and monstrosity in the popular novel of this period may well be the point of convergence where XVIIIth century rationalism, implemented in the XIXth century, and the imaginary forms brought about by the more traditional literary forms, are united and in harmony with each other.
Abstract FR:
On peut distinguer deux courants qui divisent le roman populaire du XIXème siècle : d'une part, une production proche de la comédie de boulevard (sur le modèle de Paul de Kock) et, d'autre part, une série d'auteurs héritiers du roman frénétique, parmi lesquels se trouvent Eugène Sue, Frédéric Soulié, Alexandre Dumas, Paul Féval et Ponson du Terrail. L'étude des œuvres de ces cinq auteurs et de quelques autres mineurs dont la parution s'étale de 1830 à 1870 environ, nous a amené à constater l'omniprésence de la monstruosité dans leurs univers romanesques respectifs. La notion de monstruosité, qui recouvre autant des aspects esthétiques que moraux, est suffisamment pertinente pour ouvrir à la fois sur une étude de la narrativité propre au roman populaire et sur une analyse des processus de dégénérescence des idéaux romantiques. De façon synthétique, la présence de personnages horrifiants, de situations sordides ou d'éléments répugnants manifeste une entreprise de de littérarisation de la littérature qui, dans le même temps, ouvre la voie au roman réaliste et naturaliste, en expérimentant une mimesis rudimentaire. La littérature populaire pose alors la question de savoir jusqu'où on peut aller dans une littérature qui évacue le beau. Sous-produits du mouvement romantique, adaptés à l'irruption du peuple en tant que public, les romans populaires de la période 1830-1870 manifestent une fascination continue pour les formes du mal et de la laideur en action dans une société traumatisée et un goût pour le surhumain qui se concilie bizarrement avec une défense travestie sous le symbolique des valeurs de la morale bourgeoise. Monstres et monstruosités dans le roman populaire de cette période pourraient bien être le point de convergence où se réunissent et s'accordent enfin le rationalisme hérité du XVIIIème siècle, en œuvre au XIXème siècle, et l'imaginaire porte par les formes traditionnelles de la littérature.