Bourlingueuses : le voyage au féminin entre les deux guerres (1919-1939)
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
To be a woman traveller between the wars was not the expected. One had to be prepared to fight for a place in the male dominated world of adventure. Even so from 1919 to 1939 many were tempted by the lure of travel: Ella Maillart, a certified sportswoman; Odette du Puigaudeau, butterfly artist for Jeanne Lanvin; Titaÿna, muse to both Man Ray and Cocteau ; Andrée Viollis, reporter for the Petit Parisien, and not least the now celebrated/well known Alexandra David-Néel, debutante singer at the Hanoi opera house. Others such as Lucie Delarue-Mardrus or Marcelle Vioux became « borrowed » travel-writers, exchanging for a time their novels and poems for travel diaries and a Leica, and thus, spurred by the Faquelle publishing house, enriching the panorama of feminine travel. Special correspondents, scientific travellers, reporters: many names have been used to define and attempt to categorise such different lifestyles. Maybe a contemporary word is missing to describe a type of woman, who is at the same time a sportswoman and a tomboy, both semi-professional and semi-sensational, and who can be either a literary figure or a writing novice. However this dispersal might also make these travellers into the first symptom of a figure to come and which by an irony of history will be fixed in Cendrars’ masculine term of “bourlingueur”. The exotic patchwork which Cendrars weaves whilst travelling from one destination to the next in a never ending quest of the self and life sees itself reflected in the life of these adventuresses, who in turn present a “rhapsody” of attitudes. The denomination of “bourlingueuse”, though anachronistic, is the only one which is able to define this colourful category which an era was unable to figure out and which, lacking a word to name it, has been, with the exception of very few such as Ella Maillart and Alexandra David-Néel, forgotten by posterity.
Abstract FR:
Voyager lorsque l’on est une femme de l’Entre-deux-guerres ne va pas de soi. Il faut être capable de s’affirmer dans l’espace médiatique de l’aventure fortement dominé par le masculin. Pourtant, entre 1919 et 1939, nombreuses sont celles qui ont été tentées par le démon du voyage : Ella Maillart, sportive confirmée, Odette du Puigaudeau, dessinatrice de papillons chez Jeanne Lanvin, Titaÿna, égérie de Man Ray et de Cocteau, Andrée Viollis, reporter au Petit Parisien, sans oublier la désormais célèbre Alexandra David-Néel, cantatrice à ses débuts à l'opéra de Hanoi. D’autres ont été des voyageuses-écrivains d’emprunt, troquant leur plume de romancière ou de poétesse contre carnets de route et Leica, comme Lucie Delarue-Mardrus, Marcelle Vioux qui, grâce à l’impulsion des éditions Fasquelle, ont permis d’enrichir ce panorama du voyage au féminin. Envoyées spéciales, voyageuses scientifiques, grands reporters : les statuts sont vastes et rendent compte de la difficulté à trouver une dénomination qui rassemble des parcours si différents. Manquerait-il un mot d’époque pour désigner une catégorie de femmes qui empruntent à la sportive, à la garçonne, mi-professionnelles, mi-sensationnelles, qui sont à la fois des « femmes de lettres », ou au contraire néophytes en matière d’écriture ? Pourtant, par leur éparpillement, ces voyageuses pourraient être le premier symptôme d’une figure à venir, et ironie de l’histoire, qui se fixera au masculin, celle toute cendrarsienne du « bourlingueur ». Le patchwork exotique que tisse Cendrars, allant d’une destination à une autre, dans une quête de soi et de vie permanente, n’est pas sans rappeler le parcours de ces aventurières, présentant à leur tour une « rapsodie » de postures. L’appellation « bourlingueuse », bien qu’anachronique, est pourtant la seule qui puisse désigner une catégorie du bigarré, qu’une époque n’a pas cernée, et que faute de mot pour désigner la chose, la postérité a oublié, à l’exception de quelques figures phares comme Ella Maillart ou encore Alexandra David-Néel.