Abstract FR:

L'analyse aborde le rapport au monde à travers le langage, qui est à la fois objet et moyen d'interprétation, afin d'explorer les modifications subies par un individu qui met en mots sa folie. Le corpus recueilli est un récit de vie rédigé par une jeune psychotique chronique. Elle y raconte les différents évènements subis tout au long de la naissance de sa folie. C'est-à-dire pendant qu'une réaction vive intervient dans sa pensée et la rapproche de plus en plus de l'horizon de la folie, avant même que la psychose ne devienne une réalité objective et sociale. Je tente, à partir de ce texte, de construire ce qui fait sens autour de lui, en faisant appel à des savoirs extérieurs: philosophique, psychiatrique, littéraire. . . J'adopte dans cette démarche un point de vue dialogique: les conduites ordinaires de chacun d'entre nous quand nous dialoguons avec un inconnu constituent le modèle de ce que nous appelons interprétation, dans la mesure ou tout message suscite des questions, et ou toute réponse est le lieu de nouvelles interrogations potentielles. En ce sens, cette interprétation n'est qu'un maillon du débat déjà ouvert dans le domaine de la psychopathologie du langage. Tout en admettant que l'éclosion de la folie se développe dans le silence, au plus profond du moi, j'espère démontrer, en suivant le développement de certains mouvements discursifs (généralisation, doute, certitude, interrogation, étonnement, association, interprétation violente), la possibilité d'ébaucher, en m'appuyant sur les explications de l'auteur du corpus, l'itinéraire d'une pensée en voie de perdre le rapport habituel qui la lie au monde. Une attention particulière y est accordée au format monde-genre, pierre de touche des différences spécifiques au sein du discours.