thesis

La question de la représentation dans la littérature moderne : Huysmans-Proust, la réponse du texte aux mises en cause esthétiques

Defense date:

Jan. 1, 1991

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Institution:

Paris 7

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The main frame of this dissertation is the connection between literature (and the arts) and the crisis of the self and its ethical epistemological issues at the turn of the century. I first show that Huysmans's fetichist Des Esseintes is already an ironical figure of the romantic religion of art, whose search for meaning turns out to be deceptive (and deveiving) at a time when art becomes a mere commodity in the eyes of consumer society, and religion has lost its effectiveness. I then try to trace how Proust, heir to the traditions of Ruskin, Schopenhauer, Baudelaire and Huysmans, eventually solves the problem of art as an essential revelation when he establishes that art is not the contemplation of pure ideas but an act of formal production, revealing nothing but an individual style. For Proust, art is a matter of poetics, and the metaphysical aesthetics turns into a new semiotical understanding, as can be seen from careful study of the drafts and manuscripts: only in 1911-1913 did Swann become the erbodiment of Schopenhauer's theory of musical revelation which had previously been kept asie for the narrator's own revelation (at the end of the novel), and was henceforth characterized as an aesthete. This epistemological revolution is to be understood as the consequence of Proust's reflexion on (his own) poetical praxis, his obsession being the 'pastiche involontaire': a study of his most striking techniques (such as the famous 'je' , the praxis of quotation, the attempt for telling the 'tout a coup') shows how they deal with the question of the subject in art and language - the very question of modern criticism and art theory.

Abstract FR:

Ce travail a pour cadre le lien entre la littérature (et l'art) et la crise du sujet à l'aube du XXe siècle, et vise à montrer comment la révolution esthétique répond à une question à la fois éthique et épistémologique. La crise s'énonce chez Huysmans, dont il faut bien comprendre que le fétichiste Des Esseintes est déjà une caricature de la religion romantique de l'art, dont la quête du sens se révèle aporétique à une époque où l'art est devenu un objet de consommation, et que la religion a perdu son pouvoir. Proust, héritier d'un courant esthétique qui transite par Ruskin, Schopenhauer, Baudelaire et Huysmans, résout le problème de l'art comme révélations d'"essences" lorsqu'il finit par formuler que l'art n'est pas une contemplation de "pures idées" mais un acte de production formelle, ne "révélant" rien d'autre qu'un style individuel. Pour Proust, l'art relève de la poétique, de sorte que les esthétiques métaphysiques se résolvent dans une nouvelle compréhension sémiotique, comme il apparait à l'étude des brouillons et manuscrits proustiens : c'est seulement en 1911-1913 que Swann devient le porte-parole des théories de musicales de Schopenhauer, lesquelles avaient précédemment été gardées pour le narrateur (lors de la révélation finale); c'est alors et alors seulement que Swann devient un "esthète", chargé en conséquence de tous les traits de l'esthétisme "fin de siècle". Cette révolution épistémologique est le fruit des réflexions de Proust sur sa propre pratique poétique. L'étude de ses particularités poétiques les plus novatrices (le fameux "je", la pratique de la citation politique, l'écriture du "choc") montre comment elles cernent la parole du sujet, et son implication profonde dans l'art et le langage. On mesure ainsi comment la démarche proustienne devance la réflexion contemporaine de la recherche universitaire et des théoriciens de l'art.