Le langage de l'obscénité : étude stylistique des romans de DAF De Sade : "Les cent vingt journées de Sodome", les trois "Justine" et "L'histoire de Juliette"
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
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Abstract EN:
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Abstract FR:
Le style n'est presque jamais invoqué lorsqu'il est question de Sade, alors que celui-ci est unanimement reconnu comme un (grand) écrivain depuis quelques années. Quelques illustres lecteurs de Sade se sont pourtant montres sensibles à l'expression sadienne mais cela n'apparaît, dans leurs textes critiques, que sous forme de mentions partielles du texte source, de références déformées dont le statut hésite entre l'intertexte et la citation. On soupçonne alors que ce style existe, puisqu'il est reconnu, et on peut aller à sa recherche en étudiant, comme on le ferait de tout autre écrivain du temps, sa syntaxe, sa phrase et son lexique. Le bilan de cette enquête de stylistique historique tient en peu de mots : non seulement Sade est un écrivain, mais il est un écrivain classique, ayant parfaitement assimile le langage littéraire qui a cours depuis Malherbe, et dont il semble jouer à loisir, en infléchissant la langue racinienne, par exemple, ou celle des précieux et des mondains, vers les thèmes obsédants et obscènes qui lui sont habituels. A observer tous ces glissements de sens provenant du lexique et ceux que permet aussi une syntaxe précise mais très souple, on se décide à changer de méthodologie et l'on passe le relais à la sémantique interprétative pour lui demander de décrire quelques-uns des parcours qui permettent de construire le sens textuel des grands lieux communs sadiens que sont le thème du libertinage et l'action propre à la scène de débauche. Le texte construit des réseaux de signification extrêmement denses, à partir d'un petit nombre de sèmes ou d'interactions dialectiques typiques, que l'on retrouve à différents niveaux du texte dans des combinaisons variées mais très ressemblantes. Ce processus itératif, qu'on peut décrire en certains points comme une auto-réécriture interne et permanente, se caractérise par sa forte densité sémantique, qui contraste remarquablement avec l'expansion apparemment infinie des œuvres, sur le plan syntagmatique.