Abstract FR:

En colère, Guillaume assène un mirifique horion à qui le courrouce ; Charlemagne soucieux lisse sa barbe ; Didon s'agite sur sa couche en songeant à Enéas ; mourant, Vivien bat sa coulpe. . . Dans les œuvres narratives des XIIème et XIIIème siècles, les gestes occupent une place importante. Peu familiers de l'analyse psychologique, les auteurs les utilisent pour extérioriser les sentiments de leurs personnages de façon juste et nuancée. De plus, ils ont un rôle de choix dans les relations sociales ou le contact des corps parait essentiel. Les écrivains prêtent donc à leurs personnages des gestes polices qui portent les valeurs de cette société : loyauté, respect, vassalité, hospitalité, convenances et inconvenances. Leur étude a permis de dégager une culture du corps et du geste singulière : tous répondent à une discipline du corps et à une exigence de mesure. Enfin, le choix des gestes n'est pas laissé au hasard : conscients de leur intensité narrative, les écrivains leur ont conféré une part active dans la conduite de l'intrigue, l'art de conter en est plus efficace. En évoquant par les gestes les usages quotidiens, ils ont donné à leurs textes des accents vivants et, s'inscrivant dans la tradition de l'écriture plaisante, ils en ont exploite les ressources comiques. Les gestes constituent donc une vaste grammaire des signes qui assurent l'équilibre des textes.