thesis

Entre décadence et mise en ordre du monde : le cosmopolitisme dans la littérature française de la première moitié du XXe siècle

Defense date:

Jan. 1, 2007

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Institution:

Bordeaux 3

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

My doctoral dissertation studies the problem of cosmopolitanism in French literature in the years 1890-1950 by relating it to the various manners of conceiving the unity and the diversity of humanity at the time. Cosmopolitanism was often linked to the notion of decadence, many authors holding it responsible for cultural uniformization and for the decline of national identities. To many writers of the period, insisting on diversity by constructing strong differences between nations was a way of criticizing modernity, which they deemed both absurd and chaotic. However, the relationship between nationalism and cosmopolitanism was far more complex and the latter often became a component of patriotic discourses. Indeed, French identity was frequently built on the theme of unity within diversity. This ideological construction was aimed at explaining France’s alleged extraordinary openness to the world, that is to say France’s unique ability to welcome and assimilate foreign influences without losing its own cultural personality. Even those who advocated internationalist or universalistic ideologies also emphasized the importance of cultural diversity. In many attempts to reorganize the world, such as Marguerite Yourcenar’s Mémoires d’Hadrien, published in 1951, cultural differences were used and exploited rather than called into question.

Abstract FR:

Ce travail se propose d’étudier le problème du cosmopolitisme à travers la façon dont était conçu le rapport entre unité et diversité de l’humanité dans la littérature française des années 1890-1950. Il apparaît, dans un premier temps, que le cosmopolitisme était souvent associé à la notion de décadence et apparaissait, aux yeux de nombreux auteurs, comme une cause d’uniformisation des cultures et de dissolution des identités nationales. L’insistance sur la diversité des peuples et la construction de différences radicales entre les groupes humains étaient alors, pour certains écrivains, des moyens de lutter contre ce qu’ils estimaient être le chaos et l’absurdité du monde moderne. Bien souvent, toutefois, les rapports entre nationalisme et cosmopolitisme étaient plus ambigus : l’instrumentalisation du second au profit du premier a pu prendre diverses formes, qui visaient à fonder la spécificité française sur le thème de l’unité dans la diversité et sur une ouverture au monde censée garantir, grâce à la capacité assimilatrice de Paris, un enrichissement constant mais mesuré de la culture française. À de rares exceptions près, même les défenseurs d’idéologies internationalistes ou universalistes accordaient aux différences culturelles une place de choix dans leur système, ce qui confirme que l’ordre du monde, dans la première moitié du XXe siècle, ne pouvait guère se concevoir en dehors du paradigme différencialiste dominant