Dramaturgie de la connaissance dans trois œuvres de Julien Gracq : au château d'Argol, un beau ténébreux, le rivage des Syrtes
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
In Julien Gracq's first three novels, cognition partakes of an initiatory quest which does not refer to any particular object or message, but demands from the characters a staging of their very existence. This is carried out by a decyphering of desirable signs that prescribe the requirements of reading; the energizing circulation of theses signs determines the dynamics of elements and the organizing of space - the latter being directed to the emergence of a staging of revelation. The temporal dimension of these novels leads to revelation along two undissociable axes: first, a signs-involving anagogical continuity; then, a discontinuity leading to the irruption of the present - this being simultaneously an opening-up and a closing-down process which reveals a tragic dimension. The action is irreversible, yet the emergence of a stage for Parousia can never be certain, in so far as it is dependent on a "present de la presence" which necessarily remains exterior to any novel-like representation. The tragic dimension redoubles the various ways the characters achieve a coherent reading of signs, either in a lyric or an epic mode; it also turns the narration processes (stage, myth, and story) into a space for reading to assert itself in. This imparts a radically cryptic undertone to the quest, in the expression of its object and in its major figures (sacrifice) as well as in the definition of its subjects.
Abstract FR:
La connaissance chez Julien Gracq relève, dans les trois premiers romans, d'une quête initiatique qui n'apparait guère comme objet ou comme contenu, mais qui requiert de la part des personnages une mise en jeu d'eux-mêmes. Celle-ci s'effectue par une lecture de signes assignateurs et désirables, dont la circulation énergétique détermine la dynamique élementale et l'organisation de l'espace, orienté vers l'émergence d'une scénographie de la révélation. La dimension temporelle des récits conduit à cette révélation selon deux axes indissociables : celui d'une continuité anagogique qui entraine les signes, celui d'une discontinuité propre à l'irruption d'un présent - processus simultané d'ouverture et de clôture qui débouche sur un tragique : la mise en jeu est irréversible, mais rien ne garantit l'émergence d'une scène de la parousie, celle-ci relevant d'un présent de la présence par définition extérieur à la représentation romanesque. Ce tragique redouble les diverses modalités selon lesquelles les personnages donnent une cohérence (lyrique ou épique) à leur lecture des signes, et fait des espaces de mise en jeu (jeu, mythe, histoire) des champs d'inscription problème- tiques. La quête en est radicalement ambiguisee, aussi bien dans l'expression de son objet, dans ses figures majeures (le sacrifice), que dans la définition de ses sujets.