A la recherche du temps perdu et la question de la langue française
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Paris 8Disciplines:
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Si la langue est inséparable de la littérature, la "langue française" - dans sa spécificité nationale, culturelle et linguistique - est pour sa part moins une évidence qu'une question que la littérature, voire une époque littéraire, se pose. Envisageant dans À la recherche du temps perdu la " question de la langue française ", nous relions dans un premier temps les langages de personnages à la présence d'un narrateur-philologue dans le but de renouveler la conception de leur rôle conjoint dans l'économie du roman. Puis dépassant cette mise en scène de la langue en roman, nous examinons trois termes métalexicaux : "langue", "Nom" et "génie" de la langue qui représentent chacun, à la fois une facette du discours du narrateur sur la langue et une manière dont l'activité sémantique spécifique en roman déborde tout commentaire linguistique et dépossède, au profit du lecteur, le narrateur qui s'en croyait maître. Ce premier examen de la question de la langue française en roman fait apercevoir l'abîme qui sépare notre ère linguistique de celle de la fin du XIXe siècle et rend nécessaire de saisir la complexité du syntagme " langue française " dans les discours d'époque, afin de prendre toute la mesure de ses enjeux linguistiques autant qu'esthétiques dans la Recherche. La mise en évidence d'un débat sur la " crise du français ", entre Sedan et 14, éclaire particulièrement les choix esthétiques et les innovations verbales des avant-gardes littéraires de cette charnière de siècles, en regard desquelles nous étudions l'évolution des idées esthético-linguistiques de Proust. Munie de ce "hors-texte", c'est dans la Recherche elle-même que nous trouvons la meilleure preuve d'une imprégnation de l'esthétique proustienne par les réflexions linguistiques de son temps. C'est à une combinaison inédite d'une théorie scientifique du sens et d'une théorie poétique de l'écho, que nous devons certains modes de construction sémiotique de ce roman.