Abstract FR:

Peuple d'analogies, de dissemblances et de ressemblances, le recit surrealiste suggere un ordre dont la cle se derobe sans cesse. Il fait beaucoup plus, en cela, qu'exploiter le pouvoir d'engendrement autotelique du langage sur le seul espace de la page, ou qu'exprimer l'arbitraire d'une subjectivite indifferente au "reel". Au lendemain de la guerre, l'espace qu'il ouvre, en une reaction violentecontre le systeme de representation du monde homologue par le roman du xixeme siecle, est un champ d'interference, peuple de tensions, de terreurs et de desirs, de "negociations", ou ne se joue rien moins qu'un autre mode d'articulation entre le moi et le monde. Entre la profondeur organique du corps et l'organisation de ses habitats, entre le lieu et son organisation narrative, l'etendue et sa reticulation au sein d'un reseau rhetorique, le monde en soi et son esthetisation par et pour un regard, sont ici redecouverts les << grands schemes imaginatifs moteurs >> qui sont a l'oeuvre dans toute representation spatiale. Avec une liberte de langage qui ne bouleverse les canons de la representation litteraire que pour raviver ses principes, le surrealisme restitue a ces derniers toute leur puissance creatrice, et les emploie dans une magie.