La pensée de l'autorité chez F. De La Mothe Le Vayer
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Close to the powerful people of his time, La Mothe Le Vayer seems nevertheless to consider them in a demystifying way. Hence, in our writer's opinion, the political authority appears to rely exclusively on simulacra, among which one may quote the support it pretends to receive from the divine authority. From this point of view, the religions would represent mere instruments that allow the politicians to govern the "idiot crowds". Yet, the rational faculty on whose behalf La Mothe Le Vayer denounces the false pretences of the political power or the pragmatic exploitation of the religious beliefs is not always a trustworthy authority : however proud it is of its libertinage, which gives it the possibility of rejecting every authority potentially willing to dominate it, La Mothe Le Vayer's intellect does not consider itself safe from errors. Despite its inability to perceive the presence of the divine authority in the background of the events taking place on the political stage or of the parts often played by the religious phenomena in human societies, our author's mind does not deny the existence of the transcendence. The conclusions that can be reached by the people's intellect are doubtful not only when it comes to metaphysics, but also when it comes to physics : far from allowing themselves to be set in hierarchies, the conceptions that people have of the universe they live in are considered equally plausible and La Mothe Le Vayer's writing allows them to meet regardless of the time or of the space when they are born.
Abstract FR:
Proche des cercles de pouvoir de son temps, La Mothe Le Vayer semble pourtant développer une réflexion démystificatrice à leur égard. Ainsi, pour notre auteur, l'autorité politique serait fondée exclusivement sur des simulacres, parmi lesquels on peut compter l'appui dont elle prétend bénéficier de la part de l'autorité divine. Les religions ne constitueraient, dans cette vision, que des outils permettant aux dirigeants de gouverner la "sotte multitude". Néanmoins, la raison au nom de laquelle La Mothe Le Vayer dénonce les faux-semblants du pouvoir ou les usages intéressés des croyances religieuses n'est pas une autorité infaillible : aussi fier qu'il soit de son libertinage, qui lui donne la possibilité de refuser toute autorité susceptible de vouloir exercer son influence sur lui, l'intellect de notre écrivain ne se considère pas comme étant à l'abri de l'erreur. Malgré son incapacité de percevoir la présence de l'autorité divine en arrière-fond des évènements se déroulant sur la scène politique ou des fonctions souvent remplies par les manifestations religieuses dans le cadre des sociétés humaines, l'entendement de La Mothe Le Vayer ne conteste pas l'existence de la transcendance. Par ailleurs, les conclusions auxquelles la raison des individus est susceptible d'aboutir sont dignes d'être mises en doute dans le domaine de la métaphysique, aussi bien que dans celui de la physique : loin de pouvoir être hiérarchisées, les conceptions que les hommes se font de l'univers où ils vivent sont jugées aussi vraisemblables les unes que les autres et l'écriture de La Mothe Le Vayer leur permet de se rencontrer au-delà des barrières de temps ou d'espace.