thesis

Sujet de l'écriture et traduction autour de 1540 : la traduction française des quatre premiers livres de l'« Amadis de Gaule » : le discours sur la traduction en vulgaire

Defense date:

Jan. 1, 1987

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Institution:

Paris 8

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

In Loth century France, translation can be viewed as a process which settles the strategies of intertextual appropriation and through which the outcrop of the 'subject of writing' can be elicited. To enlighten this evolution we have focused upon it two converging analyses. The perception of the marks of an 'author-subject' recorded in the translation of “Amadis de Gaule” results first from a text-effect. By overriding the devices which, in previous romanesque adaptations, had gradually instituted the narrative economy of verisimilitude, the version under consideration wittily exhibits the deviations entailed by this very treatment. It reads as a setup of heterogeneous texts, each reflecting the mirror image of another, this specular game being assumed by a showman who actually slips his own signiature into the text. Simultaneously, around 1540, the discourse about translation posits a set of derogative values to discriminate that type of activity from the original 'invention', and correlatively it launches a new representation of the Author as free inventor and owner of his work. By tracing the shifting of the images and topoi which betray the relations of the translator both to his model and to the French language, we tend to argue that the figure of the Poet delineated by the “Deffence et illustration” stems from this evolution. Now, between the individual gesture of the Poet who appropriates his models and that of the Prince who, when embezzling and ennobling the 'work' of the translators, revives and restores the productivity of the great texts, there is a homology which testifies to the larger ideological stakes allowing to situate the new symbolical status alloted to the scriptor.

Abstract FR:

La traduction apparaît au XVIe siècle en France comme un instrument de l'ajustement des stratégies d'appropriation intertextuelle, à la faveur duquel peut se repérer l'affleurement d'une présence du "sujet de l'écriture". Pour éclairer cette évolution, on a fait converger deux analyses complémentaires. Dans la traduction de l'« Amadis de Gaule », l'inscription de l'auteur-sujet apparaît d'abord comme un effet de texte. Poussant à l'extrême les tendances qui dans les récritures romanesques antérieures organisent progressivement l'économie narrative "vraisemblable", cette version choisit d'exhiber ludiquement les écarts qui résultent de ce traitement même, et se présente comme un montage de textes hétérogènes spectaculairement renvoyés l'un à l' autre par un montreur qui se désigne lui-même à l'origine de ces jeux, allant jusqu'à glisser dans le texte sa signature. C'est au même moment, vers 1540, que le discours sur la traduction met en place une appréciation dévalorisée de cette activité par rapport à l"invention" originale, et corrélativement une nouvelle représentation de l'auteur: inventeur libre et propriétaire de son œuvre. On tente de montrer, en suivant les glissements des images et des topoï qui disent les relations du traducteur à son modèle et à la langue française, que la figure du poète, telle que la propose la « Deffence et illustration », est l'aboutissement de cette évolution. Tandis que l'homologie du geste individuel par lequel le poète va s'approprier les modèles, et de celui par lequel le prince, confisquant et annoblissant à la fois le "travail" des traducteurs, ressuscite les grands textes et les rend productifs, laisse percevoir les enjeux idéologiques plus vastes par rapport auxquels situer cette nouvelle position symbolique assignée à l'écrivant.