La poétique de l'imaginaire ou les Voies de l'écriture dans l'oeuvre de Montaigne : (Journal de voyage,...)
Institution:
Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The journey undertaken by Montaigne between 1580 and 1581 through Switzerland, Germany and Italy as part of treatment for kidney-stones, may also be interpreted as an ontological quest, part of the womb-image of the labyrinth. The passage through the labyrinth is a decoding venture focusing essentially on temporality and identity. It involves placing the imaginary at the centre of the relationship with the world that Montaigne explores. Indeed, images give structure to his relationship with space, time and the world. Both journey and descriptive elements reveal a geography of the mind, offering the kaleidoscope of possible representations of the Minotaur : fear, obsessions and a suffering body. In order to counter this exile from himself and regain an equilibrium outside death itself, Montaigne develops a strategy involving distance and participation. Thus, in the quest for identity, the mask, which allows one to experiment with a metaphorical existence, is the instrument of revelation and the "limp" is the adapted method. The imagination of a peaceful positive environment further allows one to counterbalance negative images, while an attitude of acceptance begins toform However, in order to reconcile the postitive and negative aspects of the atavistic stone, the presence of death deep within the body, it is necessary to move inside Montaigne's text. This, after all, is the real seat of initiation. Both the journey and the act of writing are bound up in the dynamics of removal, a process involving separation, but which ultimately helps to nourish a harmonious internal dialogue. Thus the text probes depths which lead to the archè of the ego and of literature. The network of images connected with the Beginning, shows itself capable of annihilating death. Curious in regard to the mysteries of creation, Montaigne's text is full of archaic signs which bring one face-to-face with a mythical illud tempus. Thanks to the workings of the imagination, it leads one along the path of reconciliation which reunites the individual with himself and with the world.
Abstract FR:
Le voyage que Montaigne effectua de 1580 à 1581 à travers la Suisse, l'Allemagne et l'Italie pour soigner sa gravelle peut aussi être lu comme une quête ontologique s'inscrivant dans l'image matricielle du labyrinthe. Le parcours du labyrinthe est une entreprise de déchiffrement, portant au premier chef sur la temporalité et l'identité. Il s'agit de mettre l'imaginaire au centre du rapport au monde que Montaigne explore. Les images structurent en effet sa relation à l'espace, au temps et au monde. L'itinéraire et les éléments descriptifs découvrent une géographie mentale, offrant le kaléidoscope des figurations possibles du Minotaure : des peurs, des obsessions et un corps souffrant. Pour contrer l'exil à soi et recouvrer un ordre qui ne soit pas celui de la mort, Montaigne développe une stratégie usant de distance et de participation. Ainsi, dans la quête de l'identité, le masque, permettant d'expérimenter une existence métaphorique, est l'instrument du dévoilement et la claudication la méthode adaptée. L'imaginaire des espaces heureux permet en outre de contrebalancer la verticalité mortifère, tandis que se développe une attitude faite de consentement. Mais pour réconcilier les aspects positifs et négatifs de la pierre atavique, présence de la mort au creux du corps, il est nécessaire d'entrer dans l'espace du texte. Celui-ci est finalement le lieu véritable de l'initiation. Le voyage comme l'écriture sont pris dans une dynamique d'éloignement qui délie, mais pour mieux nourrir un dialogue de soi à soi qui relie. Le texte creuse ainsi une profondeur qui mène à l'archè du moi et de la littérature. Le réseau des images dévoile un imaginaire du commencement à la puissante vertu néguentropique. Curieux des mystères de la création, le texte de Montaigne est chargé de caractères archai͏̈ques, qui mettent en présence d'un mythique illud tempus. Grâce au travail de l'imaginaire, il mène sur la voie de la réconciliation, qui réunit l'être à soi et l'être au monde.