thesis

Le champ notionnel de l'ingénuité au XVIIème et XVIIIème siècles

Defense date:

Jan. 1, 1994

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Institution:

Poitiers

Disciplines:

Abstract EN:

The aim of this study is to establish the conjoined semantic evolution during the 17th and 18th centuries of three groups of terms: naïf-naïveté-naïvement; ingénue-ingénuité-ingénument; candide-candeur-candidement, each group including an adjective, a substantive and an adverb, and being connected by synonymy. After having studied these words in a broader lexical field by making use of synonymic connections in the dictionaries the title period, we investigated in the first part of this work the general dictionaries, synonymy treatises and epithets indexes of the 17th and 18th centuries. In the second part we have described the euphemism plays in the literary texts, which appear in a parallel way for the three groups. The laicization of religious vocabulary, the influence of classical and Christian Latinity set up connotative effects together with a liking for allusive enunciation and ambiguity. A new look at childhood and youth, changes in mentalities and social codes appear in this lexical change and result in a modification in the literary genres. The sublime and the low degree resolve their contradictions through a medium level, far from coarse "naïveté" as heroical "ingénuité". This process is illustrated by symbolic figures: after male characters having authority, the wise man, the judge, the prelate, goes the young innocent girl. Candide and l'ingénu are composite allegories, with include characteristic features from both sides, and are emblematic figures of this process.

Abstract FR:

L'objet de cette étude est de déterminer l'évolution sémantique conjointe, aux XVIIe et XVIIIe siècles, de trois séries dérivationnelles, naïf- naïveté- naïvement, ingénu-ingénuité-ingénument, candide-candeur-candidement, chacune constituée d'un adjectif, d'un substantif et d'un adverbe de manière, et toutes trois associées par des liens de synonymiques des dictionnaires d'époque, nous avons entrepris, dans une première partie, leur étude lexicographique dans les dictionnaires généraux, les traites de synonymie, et les répertoires d'épithètes des XVIIe et XVIIIe siècles. Une deuxième partie est consacrée à la mise en évidence dans les textes littéraires des jeux de l'euphémisme qui se développent parallèlement pour les trois ensembles de termes. La laïcisation d'un vocabulaire religieux, l'influence de la latinité classique et judéo-chrétienne établissent les effets connotatifs associés à un goût pour une énonciation allusive sollicitant les ambigüités du sens. Un nouveau regard sur l'enfance et la jeunesse, une modification des mentalités et des codes sociaux se traduisent dans ce mouvement du lexique et infléchissent les genres littéraires. Le sublime et le bas résolvent leurs contradictions dans un degré intermédiaire, éloigné de la "naïveté" triviale comme de l'"ingénuité" héroïque. Ce trajet s'incarne dans des images symboliques : aux figures masculines investies d'une autorité, le sage, le magistrat, le prélat, succède la jeune fille ignorante et pure. Candide et l'ingénu sont des allégories composites qui se situent dans ce parcours et qui tiennent aux deux extrêmes.