L'œuvre poétique de Cécile Sauvage (1883-1927) suivi de Cécile Sauvage : essai sur la mélancolie dans l'écriture poétique
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Cécile Sauvage (1883-1927), Olivier Messiaen's mother, published only two books, Tandis que la terre tourne (1910) and Le vallon (1913). Therefore, our purpose has been to collect her works, composed of poems scattered in literary magazines of the turn of the century, or unpublished writings provided by her son Alain Messiaen or mrs. Y. Loriod-Messi aen. The compilation work includes cross-references and notes. The second part is an essay on melancholy in her poetic writing, through diachronic analysis. From the start, her quest leads her to the denunciation of illusion; through the underlying myth of Persephona, she lays the stress on the essential function of writing. Then comes maternity: beyond the exaltation of the experience, the poet is confronted with her inborn sense of bereavement and her mortiferous power, which bring about actual fits of melancholy. Her incapacity to face the fact that her intimate relationship with the child in her womb was bound to end, her loss oriented outlook on life are expressed through her writing, while that very writing allows the poet, who perceives herself as an object, to be born as a subject. The myth of Ophelia as associated to beauty conveys the idea that, although reality is constantly on the verge of dissolution, it is ultimately salvaged. The last dramas emphasize her quest of the sacred: the father figure, so far ignored, appears and counterbalances the previously compulsive maternal role by putting it in perspective. He gives reality to a world where the other can exist at last, and where loss is overcome.
Abstract FR:
Cécile Sauvage (1883-1927), mère d'Olivier Messiaen, n'a édité que deux livres, Tandis que la terre tourne (1910) et Le vallon (1913). Nous avons donc entrepris de rassembler son œuvre, poèmes épars dans des revues du début du siècle, et inédits donnés par son fils Alain ou madame Y. Loriod-Messiaen. Le travail d'établissement du texte s'accompagne de notes variées. Le second volume se présente, à la faveur d'une étude diachronique, comme un essai sur la mélancolie dans l'écriture poétique. D’emblée en effet, la quête entreprise débouche sur la dénonciation du leurre; la figure de Perséphone révèle déjà la fonction capitale de l'écriture. Vient l'expérience de la maternité qui, au-delà de l'exaltation, renvoie le poète à sa solitude radicale et à une dimension mortifère; elle déclenche les manifestations d'une mélancolie jusqu'alors latente. Deuil impossible à faire de l'âme en bourgeon, "style de perte" s'expriment à travers l'écriture en même temps que celle -ci permet au poète, réduit à l'état d'objet, de naitre comme sujet de son œuvre. La figure d'Ophélie, liée à la beauté, est significative du sauvetage d'un réel menacé de dissolution. Avec les dernières pièces s'accentue la quête du sacré : le père, jusqu'ici absent, apparait et la fonction maternelle, omniprésente et envahissante, se voit des lors minorée et relativisée. Avec lui se dessine un univers où l'autre a enfin sa place et où la perte est dépassée.