Abstract FR:

Une premiere raison, pour nous, de choisir la creation valeryenne comme sujet de cette exegese fut la conviction qu'il y a peu d'auteurs, comme paul valery, qui representent tellement bien l'epoque postmoderne ou nous vivons, cet age de l'incoherence et de la suspicion devant le systeme. Au lieu de nous arreter sur un seul aspect, tres homogene et strictement circonscrit, nous avons prefere un sujet definitoire pour toute une oeuvre. En suivant, donc, le principe pars pro toto, nous avons choisi les dialogues valeryens comme ecriture sequentielle, typiquement fragmentaire, discontinue, voir fracturee, chaotique et virtuelle. Loin d'etudier le dialogue en tant que << la forme la plus souple >>, nous l'avons considere - plus que l'expression d'une liberte formelle - comme la preuve que la structure mentale valeryenne, toujours duale, sinon plurielle, s'est inventee la forme, le corps, la figure ideales pour la representer. Chez valery, le dialogue n'est pas l'echange de repliques entre des interlocuteurs, mais la chance qu'il accorde a son propre moi de s'exprimer a deux, parfois a plusieurs voix. Ces interlocuteurs deviennent ainsi les heteronymes du meme personnage, les masques appliques, a tour de role, sur le meme visage. Si le fragment et, par extension, le dialogue comme ecriture de type fragmentaire sont escamotage du texte fini, cette subversion ne s'opere pas contre le systeme valeryen. Bati sur la relation dialectique acte (faire) / possible (pouvoir), celui-ci y trouve, justement, sa quintessence et sa force.