Abstract FR:

Comment parler du corps sartrien dans le mur, sans doute l'ouvrage le plus retors, le plus truque de l'ecrivain? veritable enjeu, le corps et l'ensemble de representations qui lui sont liees constituent le point d'ancrage autour duquel se developpe chaque nouvelle. Le corps tel qu'il est fantasme par sartre est un corps malheureux, voue aux malefices de la decomposition ou de l'excedent charnel, un corps troue, sans peau dont l'horreur culmine avec les figures de la meduse et du juif. A ces images de souffrance que le philosophe interprete en termes de sincerite et d'authenticite, s'oppose cependant la vision euphorique d'un corps-cathedrale, dur et muscle, resolument tourne vers l'action-mais, refusant toute possibilite d'un resaississement corporel, sartre denonce avec virulence ce renversement thematique de la negativite en bienfaisance en effet, ce glissement de l'image par essence cruelle et barbare au signe social, ce passage d'un imaginaire singulier a une mythologie collective participant selon lui de la mauvaise foi et de l'inauthenticite du "salaud" qui a renonce a sa liberte. Pourtant, ce que dit sartre semble recouvrir comme un masque tout ce que suggere le texte sur les preferences et les repulsions instinctives de l'auteur, sur les obscurs desirs qui sollicitent son imaginaire. Et si derriere les intentions parodiques et satiriques, derriere l'evidente vocation pedagogique se dissimulait une vraie pulsion, une orientation primitive du desir? pourquoi la realite du corps fantasmatique sartrien ne serait-elle pas celle d'un corps viril, phallique, celui d'un pardaillan ou d'un athlete a moustache? telles sont les questions soulevees par ce travail qui en alternant la confiance (la thematique) et le soupcon (la psychanalyse) s'efforce de coller a la peau du texte sartrien.