Le modèle aristocratique français et espagnol dans l'oeuvre romanesque de Lesage : l'histoire de Gil Blas de Santillane : un cas exemplaire
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Abstract FR:
Dès une première approche de l'œuvre romanesque d'Alain-René Lesage, et particulièrement de Gil Blas, le lecteur moderne est surpris par la roture ambigüe du héros-narrateur, aussi manifeste que son aspiration à parvenir, à franchir des grades, à prendre la place qui lui échoit au sein d'une noblesse controversée mais toujours fascinante. Trois temps se dégagent alors, sans se confondre aucunement avec les étapes d'une quelconque chronologie. Ce sont trois expériences plutôt. D'abord celle de l'homme, simple bourgeois de Paris, qui vit sa contradiction d'écrivain roturier dans la société française de son temps, et a entendu parler de la société espagnole, même s'il n'a jamais franchi les Pyrénées, - d'un homme qui, à cause de cela même, vit dans le présent français et dans le passé espagnol, avec une double distorsion fondamentale. Ensuite celle du lecteur, et même du lecteur privilégié, puisqu'il est aussi traducteur, adaptateur, imitateur, continuateur. Enfin celle d'un créateur proprement dit qui fonde à nouveau la société avec des éléments empruntés à la France et à l’Espagne, à la réalité et à la littérature et qui joue avec toutes les subtilités d'une manière de dialectique nobiliaire. A l'aube des Lumières, l'enfant, - le roturier -, a grandi : le romancier bourgeois se réapproprie le modèle aristocratique, non pour le dénigrer ou le dégrader, mais pour le frapper au sceau de sa propre mentalité.