"Détruire de vieux châteaux enchantés" : la Bible dans la correspondance de Voltaire
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Abstract EN:
In Voltaire's correspondence, familiar prose is constantly interwoven with biblical references. No other text is, by far, as present there as is the bible. Voltaire quotes the bible more than his contemporaries. He quotes from the entire bible, not from just a few well-known passages. If the bible is so omnipresent in his correspondence, this is because, far from being reserved for devotion or solemn emphasis, it pervades every subject, including the most trivial. Indeed Voltaire draws all kinds of comparisons from the bible. Referring to both persons and situations. The bible is thus divested of its sacred character. The biblical reference in Voltaire’s hands is manipulated freely or drawn into a play on words, which further accentuates the loss of its sacred character: the bible becomes an opportunity to show off his wit. The bible is also present in his literary correspondence, in which it becomes a motive, an ornament in itself. It is also a model when Voltaire takes up the New Testament epistolary form, using it for the benefit of philosophical "propaganda". The correspondence, lastly, is a brilliant and witty synthesis of Voltaire’s biblical exegesis. What this somewhat vague and disparate text lacks in plausibility, historicity and morality is constantly denounced, but in a fragmented and familiar way, as in a conversation.
Abstract FR:
La prose familière de la correspondance de Voltaire est tissée de références bibliques. Aucun autre texte - et de très loin - n'y est aussi présent. Voltaire cite plus la bible que ses contemporains. Il cite toute la bible, et non quelques passages fameux seulement. Si la bible a une telle place dans la correspondance, c'est que, loin d'être réservée à la dévotion ou à l'emphase solennelle, elle est mêlée à tous les sujets, y compris les plus quotidiens. Voltaire y puise en effet toutes sortes de comparaisons, de personnes comme de situations. La bible perd ainsi son caractère sacré. La manière dont Voltaire traite la référence biblique, en la manipulant très librement ou en l'entrainant dans des jeux de mots, accentue encore cette désacralisation: la bible est l'occasion de montrer de l'esprit. La bible est aussi dans la correspondance littérature: elle est motif et ornement de la lettre; elle est aussi modèle quand Voltaire reprend la forme de l'épître néotestamentaire et la met au service de la "propagande" philosophique. La correspondance est enfin une synthèse brillante et drôle de l'exégèse biblique de Voltaire. Le manque de vraisemblance, d'historicité et de moralité de ce texte incertain et disparate est dénoncé avec constance, mais sous une forme éclatée et familière, comme dans une conversation.