Abstract FR:

Jacques-Henri Meister, successeur de Friedrich-Melchior Grimm, envoie secrètement "La Correspondance littéraire" à des souverains européens éclairés, comme Catherine II, Gustave III. . . Une étude statistique analyse la part des belles lettres, des sciences et des arts, de l'histoire, de la vie mondaine, du droit et de la religion dans les nouvelles à la main. Le périodique évoque lui-même sa production dans ses réflexions sur le journalisme (véracite, érudition, hiérarchisation, impartialité, esprit critique), sur les sources d'information, sur la liberté d'expression et la censure. L’abonnement de la cour d'Anspach offre un exemple de diffusion et de réception du journal. Le rédacteur fait de ses lecteurs des protagonistes du périodique : les rapports entre les intellectuels, le fait culturel et l'absolutisme éclairé sous-tendent les articles concernant le mécénat, le voyage philosophique des princes à Paris ou la littérature de rationalisation de l'Etat. Au crépuscule des Lumières, comment évoquer 1776 et 1789 dans le périodique littéraire de l'absolutisme éclairé ? La guerre d'indépendance américaine apparait comme une révolution réussie, mais dans un pays neuf et lointain. La révolution française, elle, remet en cause l'identité littéraire de la correspondance littéraire. Le journal veut circonscrire l'actualité aux « révolutions de brochures et de philosophie », mais cette époque de confusion du culturel et du politique oblige à de nouveaux choix éditoriaux et soulève des problèmes d'énonciation.