Bonheur et religion au temps de Diderot (1740-1780)
Institution:
Clermont-Ferrand 2Disciplines:
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La recherche du bonheur est présente au coeur de toute les époques. L'homme, par nature, cherche à fuir la douleur. Ce constat nous pousse à nous demander comment les philosophes du XVIIIe siècle ont envisagé la question dans une époque où la religion tient une place importante dans la société. Le but de cette réflexion intitulée "Bonheur et Religion au temps de Diderot, 1740-1780", n'a pas pour but de retracer l'évolution de la pensée religieuse pendant cette période mais plutôt de voir comment nos philosophes choisis pour cette étude, tentent de concilier les deux aspects. Aussi, nous avons choisi des auteurs qui incarnent un modèle différent de pensée : Rousseau et Voltaire pour le déisme ou la volonté de garder présent à l'esprit un bonheur teinté de religion, Helvétius et La Mettrie pour le matérialisme ou la nécessité d'aménager ou de se débarrasser de toute morale religieuse pour trouver le bonheur sur terre. Diderot instaure un lien puisque très tôt, il abandonne le déisme pour embrasser le matérialisme. Les critiques envers la religion ne sont pas arbitraires et se fondent sur des données concrètes. Tout d'abord, nos philosophes critiquent, tous, le personnel ecclésiastique jugé inutile, fourbe et dangereux. Il est donc la première barrière à franchir si l'homme veut trouver le bonheur. Mais elle n'est pas la seule. La critique de nos philosophes dépasse les simples constatations puisqu'elle s'attache à démontrer l'absurdité des Ecritures et des récits merveilleux qu'elles renferment. La raison ne peut admettre, sans être choquée, toutes ses invraisemblances. Les préceptes, même s'ils sont justes, doivent être extraits du verbiage propre aux religieux. La Mettrie seul, souhaite écarter toute morale religieuse de la vie des hommes. Elle est pour lui une entrave à la liberté individuelle et à la recherche du bonheur sous toutes ses formes. Aussi, une déception et une colère flagrantes se lisent à travers les propos des philosophes. Ils décident alors de réviser la religion pour essayer de ne garder que l'essentiel : Dieu (pour Voltaire et Rousseau) et les préceptes d'amour et de tolérance (pour les autres). Ceux-ci peuvent, en effet, amener l'harmonie parmi les hommes et donc un bonheur terrestre capable de rassembler la majorité des êtres humains. Voltaire et Rousseau en effet, ne sont pas prêts à se débarasser de Dieu dans la recherche du bonheur. Ils voient en lui, le repère dont les hommes ont besoin. Puisque la bonté divine ne fait pour eux aucun doute, il peut rester dans la réflexion philosophique car il ne s'oppose en rien au bonheur terrestre. Helvétius n'est pas loin de ces idées puisqu'il souhaite aménager une morale religieuse profitable à tous. Il tente de prouver que tous les préceptes ne sont nuisibles mais que ce sont les hommes qui, par leurs actes, peuvent les rendre inhumains. La Mettrie se démarque des autres philosophes. Il refuse de participer aux polémiques religieuses, seul le devenir de l'homme l'intéresse. Diderot, quant à lui, se démarque d'une hargne farouche d'un Voltaire obsédé par la question religieuse. Il préfère s'interroger sur l'utilité des institutions religieuses pour la société. C'est par ce biais d'une critique sociale que Diderot prouve l'inutilité voire même la dangerosité des institutions monastiques qui cautionnent le crime. Aussi, tous nos philosophes font des propositions pour améliorer le sort des hommes. L'éducation en est une. Elle est la souveraine toute-puissance pour Helvétius, elle est indispensable à la découverte de soi pour La Mettrie, elle est un droit pour Diderot. Sans elle, pas de bonheur possible. Le problème des passions intéresse aussi nos philosophes car il règle, bien souvent, les comportements. Pour que l'harmonie perdure entre les êtres, elles doivent être mesurées pour ne pas empiéter sur le bonheur de l'autre. L'homme doit donc prendre son destin en main. Rousseau comme La Mettrie ont foi en la bienfaisance de la nature humaine et en l'idée que, délivrés des artifices de la société, les hommes pourront vivre et collaborer entre eux dans une communauté future. La Mettrie va plus loin puisqu'il prône l'initiative individuelle comme étant l'expression de son accomplissement. Si le monde peut se passer de Dieu, il ne peut cependant se penser sans unité. Le terme "religion" n'est plus de mise dans cette nouvelle morale mais son parfum y est encore présent. L'amour du prochain, la tolérance, le respect de l'autre sont autant d'idéaux que nos philosophes espèrent voir un jour éclore. Le bonheur que souhaitaient nos philosophes est proche de l'extase religieuse qui amène au repos de l'âme. Mais l'esprit, toujours présent, engendre craintes et interrogations. Une science du bonheur serait la seule solution pour apaiser les consciences. Helvétius tente d'élaborer un vaste programme éducatif dans lequel chacun serait capable de trouver sa voie vers le bonheur. Voltaire, pour sa part, souhaite trouver des remèdes pour panser les maux du monde en prônant tolérance et amour du prochain, Diderot et La Mettrie intégrant entièrement l'homme dans un monde en devenir permanent, Rousseau, quant à lui, préfère trouver sa vérité en remontant aux origines de la vie. Il est cependant évident que même si les propositions affluent, le bonheur est et sera toujours ce vers quoi les hommes tendent, se rapprochent mais sans jamais le posséder