thesis

Approches lexicologiques du monde romanesque de Madame de Lafayette : essai de sémantique exégétique

Defense date:

Jan. 1, 2008

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Institution:

Paris 4

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Authors:

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Abstract EN:

In this interpretive work, a systematic analysis of Mme de Lafayette's lexicon (the frequency of the words or their rarity, the hapaxa and the absentees) allowed these conclusions: - It is really by La Comtesse de Tende, her posthumous short story, that she inaugurated her narrative career. - This study pots an end to the oft-debated authorship controversy: The Countess de La Fayette is the only author of her work. There is no denying that she was assisted by friends, but never decisively. - We were naturally interested especially in La Princesse de Clèves : - We have fathomed two enigmas: the disappearance of God in a world which does not stop calling upon him, and the sensual explosion of the night in Coulommiers in a novel which tells so little about the intentions of the body and even its representation. - We have discarded oft-advanced explanations: virtue, the weight of education, the consciousness of a fault. - Here is, in the literary history of the renonciation, the peculiarity of the Princes: the time for freedom (her husband dies. . . ) does not deliver her into dazzling promises of happiness shared with the Duc de Nemours, but - at the end of a series of tensings - dictates her a refusal to live based on the certainty that the reality destroys the passion. - The solitude chosen by Mme de Clèves is in the twilight. Only the conjonction of the memory and the imagination cornes to ease it; it is necessary to believe in the presence of the Absentee. While Segrais, one of the presumed pens credited to the novelist by the rumour, inspired this rhetoric question to one of his heroines: "But who can live without loving?", the novel proposes to explore the depths of despair: the princes can love without living. - We have shown Mme de Lafayette's interest in Du Vair's Stoicism, the Cartesian analysis of the passio ns, Pascal and the philosophy of Port Royal as well as the limits of her sympathy with these intellectual worlds.

Abstract FR:

Dans ce travail à visée interprétative, une analyse systématique du lexique de Mme de Lafayette (la fréquence des mots ou leur rareté, les hapax et les absents) a permis ces conclusions : - c’est en réalité par la Comtesse de Tende, sa nouvelle posthume, qu’elle a inauguré sa carrière narrative. - La suspicion tenace ne résiste pas à notre étude : la comtesse de Lafayette est le seul auteur d’une oeuvre qu’on lui a souvent contestée ; les concours amis furent réels, mais jamais décisifs. - On s’est bien sûr intéressé surtout à la Princesse de Clèves : - on a approfondi deux énigmes : l’effacement de Dieu dans un monde qui ne cesse de l’invoquer, et l’explosion sensuelle de la nuit de Coulommiers dans un roman si discret sur les desseins du corps et même son dessin. - On a fait litière d’explications souvent avancées : la vertu, le poids de l’éducation, la conscience d’une culpabilité. - Telle est, dans l’histoire littéraire du renoncement, la singularité de la princesse : l’heure de la liberté (son mari meurt…) ne la livre pas éblouie à la promesse du bonheur partagé avec le duc de Nemours, mais – au terme d’une série de crispations – lui dicte un refus de vivre fondé sur la certitude que la réel détruit la passion. - La solitude choisie par Mme de Clèves est crépusculaire. Vient seule l’atténuer la conjonction de la mémoire et de l’imaginaire ; il faut croire à cette présence de l’Absent. Quand Segrais, l’une des plumes prêtées à la romancière par la rumeur, inspire cette question rhétorique à l’une de ses héroïnes : « Mais qui peut vivre sans aimer ? », le roman propose sa leçon d’abîme : la princesse peut aimer sans vivre. - Le stoïcisme de Du Vair, l’analyse cartésienne des passions, Pascal et l’univers de Port-Royal : on a étudié la curiosité de Mme de Lafayette pour ces mondes intellectuels et les limites de sa sympathie.