Contribution à une description de la cause en ancien français
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Grammatical marks of cause let appear in old French standing syntactic and semantic features combined with historical and stylistic variability. Great oppositions remain permanently in XIIIth and XIIIth centuries: specialization of de in the field of feelings and wider extent of por; predominance of por ce que, almost exclusively used to justify "which is stated", in narration, of car, que, puis que, quant, capable of justifying stating as well as statement, in speech; constant argumentative value of puis que which, making use of "polyphony of enonciation", inscribes in language itself the will to convince whereas por ce que, except contextual effects, brings a new and objective information. Now these oppositions of meaning and use between conjunctions correspond to different syntactical statutes: only por ce que is an "operator" which tightly links propositions; the other words are rather markers of speech acts. Cause, revealing of a conflictual relationship between interlocutors, seems a good observation post for pragmatics. However one could not exactly study cause in old French but in medieval literature. The law percentage of por ce que shows up the prevalence of proof over motive: in an oral literature which bears truth, speech justifies speech not acts. Nevertheless, syntactical permanencies must not conceal the variations in frequency connected with literary purposes as much as with diachrony. Prose in XIIIth century marks a turning point: conjunctions show the decrease of speech and ensure the cohesion that provided verse; in historical prose, with the increasement of the "operator" it is no more truth which is told but real which is described.
Abstract FR:
Les marques grammaticales de la cause en ancien français laissent apparaitre une permanence syntaxique et sémantique alliée à une diversification historique et stylistique. De grandes oppositions demeurent stables aux XIIe et XIIIe siècles : spécialisation de de dans le domaine du sentiment et plus large extension de por; prédominance de por ce que, presque exclusivement utilisé pour justifier l'énoncé, dans le récit, de car, que, puis que, quant, susceptibles de justifier l'énonciation aussi bien que l'énoncé, dans la parole; valeur constamment argumentative de puis que qui, jouant sur la polyphonie de l'énonciation, inscrit dans la langue la volonté de convaincre tandis que por ce que, excepte des effets contextuels, apporte une information nouvelle et objective. Or ces oppositions de sens et d'emploi entre conjonctions correspondent à des statuts syntaxiques différents : seul por ce que est un opérateur qui lie fortement les énonces; les autres mots sont plutôt des marqueurs d'acte de parole. La cause, révélatrice des rapports de force entre interlocuteurs apparait ainsi comme un lieu d'observation privilégié pour la pragmatique. Toutefois on ne saurait étudier avec exactitude la cause en ancien français mais bien plutôt dans la littérature médiévale. La faible proportion de por ce que met en évidence la prédominance de la preuve sur le motif: dans une littérature orale et porteuse de vérité, c'est la parole que justifie la parole. Cependant les permanences syntaxiques ne doivent pas dissimuler les variations de fréquence liées autant aux enjeux littéraires qu'à la diachronie. La prose, au XIIIe siècle, marque un tournant: les conjonctions manifestent la restriction de la parole et assurent la cohésion que donnait la versification; dans la prose historique, avec l'expansion de l'opérateur on ne dit plus seulement le vrai, on décrit le réel.