Abstract FR:

Cette etude montre comment l'interrogation sur l'homme, recurrente chez jouhandeau, trouve enfin une reponse coherente grace a cette forme d'ecriture fragmentaire dans laquelle le theme du corps apparait comme fondement. C'est par l'observation du corps - d'autrui d'abord et de soi-meme surtout - que jouhandeau repond a l'interrogation sur sa propre identite. Il s'agit moins d'une description qued'une lecture interpretative : jouhandeau lit le corps comme un texte dont il s'efforce de decrypter le signifie. Le corps est aussi le moyen par lequel jouhan♭ deau se protege du vertige du non-etre que provoque une trop grande concentration sur soi. Les journaliers sont donc l'ecriture au jour le jour de la lutte du corps contre la maladie, la souffrance, la vieillesse et la mort comme celle dela lutte du corps sensuel contre les exigences de l'ame : tandis que l'une procure la sensation d'exister, l'autre a pour enjeu le sentiment de l'harmonie. L'elaboration d'une mystique du corps, dernier volet de cette recherche, permet a jouhandeau de passer de la sensation d'etre a la certitude d'etre et d'etre un. Les journaliers manifestent un processus d'autodivinisation qui apparait comme lebut ultime et toujours re♭ cherche de l'ecriture : a l'image de dieu qui seul peut dire "je suis celui qui suis", jouhandeau donne a sa vie un statut de texte qui apparait comme la demonstration glorieuse d'un "j'ecris, donc je suis" et "je suis celui qui ecris". Jouhandeau ecrivit le corps et le corps du texte fut.