Ces "mots qui secrètent les choses" : écriture de la présence dans la poésie de Jules Supervielle : une étude stylistique
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Abstract FR:
Comment la poésie peut-elle rendre la présence des choses qu'elle convoque ? Tel est le problème stylistique que l'on s'est attaché à étudier dans la poésie de Jules Supervielle (1884-1960), écrivain français et uruguayen ayant écrit ses œuvres majeures entre les années 1920 et 1950. Loin de l'affirmation, véhiculée par la théorie de la poésie pure puis par le structuralisme, que le poème est un système clos sur lui-même, la poésie de la présence restaure la référence, en donnant, comme le dit Yves Bonnefoy, "cette impression de réalité enfin pleinement incarnée qui nous vient, paradoxalement, de mots détournés de l'incarnation". Sans cautionner l'illusion cratylienne que le mot est la chose, on a montré dans quelle mesure et par quels procédés la poésie de Supervielle vise à créer un effet de présence qui interroge le lien entre poésie et expérience (cette dernière définie par la phénoménologie). Notre analyse s'est appuyée sur les concepts et catégories proposées par la pragmatique, la rhétorique et la stylistique générale pour explorer, dans un corpus de poésie, le lien négligé par Saussure entre le signifiant et le réfèrent. Apres avoir fondé des hypothèses sur une étude des manuscrits, on définit l'effet de présence d'après deux postulations : la présence in praesentia et la présence in absentia. Nos conclusions sont d'ordre esthétique, usant de concepts rhétoriques comme l'asianisme et l'atticisme, puisque la poésie de Supervielle se présente comme une "réconciliation entre les poésies ancienne et moderne". On peut ainsi redéfinir la notion de présence à la lumière de l'énergie aristotélicienne et de la réflexion d'Y. Bonnefoy. L'œuvre romanesque et théâtrale de Supervielle, ainsi que sa correspondance avec J. Paulhan (dont nous proposons des extraits en annexe) ont permis d'éclairer la question.