thesis

Détournements de l'olfaction dans la littérature de la deuxième partie du XIXème siècle (France et Angleterre)

Defense date:

Jan. 1, 2000

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

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Abstract FR:

L'apparition massive des sensations olfactives dans la littérature française de la deuxième moitié du XIXème siècle est un évènement majeur de l'histoire littéraire. Rares ou stéréotypées auparavant, les sensations olfactives indiquent, à partir, de 1857, une évolution essentielle de la littérature. Dans un premier temps, le terme de "détournement" rend compte d'une nouvelle utilisation de l'odorat pour ébranler deux piliers de la spiritualité, l'amour et la religion. Dans un deuxième temps, il prend le sens de révolte ; en effet, intégrer l'olfaction dans la littérature est une prise de position contre une longue tradition qui discrédite l'odorat. Le recours à l'olfaction témoigne alors d'une volonté de révéler les dessous, qu'il s'agisse de la société, de la morale, ou de la vie. Plus généralement, il manifeste le refus de toute forme de frontière, soit par une protestation contre la hiérarchie des valeurs esthétiques et l'affirmation d'une forme inédite de modernité, soit par le rejet de la raison et l'accès a une nouvelle appréhension du monde, soit encore par la négation du « bon » goût et la proclamation d'une nouvelle relation avec la répulsion. Mais la révolte olfactive a aussi des limites : l'étude de l'olfaction dans les textes laisse percevoir, de l'intérieur, quelques "oscillations" fondamentales de cette époque, en particulier entre le matérialisme et la spiritualité. Dans un troisième et dernier temps, le détournement est entendu dans un sens stylistique : sens en quelque sorte muet, l'olfaction est particulièrement difficile à "rendre" littérairement. Les écrivains doivent donc "détourner" le langage pour restituer les sensations. Mais ils découvrent aussi que l'univers des odeurs recèle de multiples richesses, et qu'il peut prêter au langage de nombreuses métaphores. Pour mieux apprécier la spécificité du détournement dans la littérature française, cette étude établit une comparaison avec la littérature anglaise de la même période, dans laquelle la présence olfactive est beaucoup moins affirmée.