Lexique et histoire des mentalités : les dénominations de la femme et de l'homme en allemand au XIXe siècle
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The new economic and social imperatives of bourgeois society which forms itself at the beginning of the 19th century inaugurate a new distribution of tasks, due to the strict separation of production, which becomes incubent on man, and reproduction, which becomes woman's responsibility. Furthermore, the changes in the roles of the two genders contribute to an important evolution in designation of woman especially. If, at the turn of the 19th century, the change from the enlightenment model, based one quality of female and male rational abilities, to the ideal of a domesticated female nature subordinate to man determines the abandon of "frauenzimmer" in favor of "weib", which evoques the ideal of woman as a "mother, wife and housewife", the movement in favor of female emancipation produces the replacement of "weib" by "frau", whose semantic value is rooted in reality. Thus, the development of a new conception of the roles of the gender is followed by the choice of a denomination, which becomes the lexical incarnation of the female ideal in the new system, until, as a new theory emerges, it is rejected together with this model and becomes rapidly negative. There is another characteristic to the nomenclature of woman and man: man's lexical field is similar to its present form as soon as 1830, whereas its female counterpart constantly changes throughout the century. To a male role, which is quickly established and doesn't change any more, there corresponds one main denomination: "man". On the contrary, woman's denominations change according to the systems of thought which define her. Thus woman's claims and their entry in the public sphere have an effect on the lexis, which only then becomes similar to its contemporary form.
Abstract FR:
Les nouveaux impératifs économiques et sociaux de la société bourgeoise qui se met en place au début du XIXe siècle inaugurent une nouvelle répartition des tâches, fondées sur la stricte séparation de la production, qui incombe désormais à l'homme, et de la production, qui échoit à la femme. Or, la modification des rôles des sexes s'accompagne d'une évolution notoire du lexique de la femme en particulier, si, au tournant du siècle, le passage du modèle rationaliste, fonde sur l’égalité des facultés rationnelles de la femme et de l'homme, à l'idéal d'une nature féminine domestique et subordonnée à l'homme se traduit dans le lexique par le rejet de "frauenzimmer" au profit de "weib", qui évoque l'idéal de la femme "mère, épouse et ménagère", le mouvement d'émancipation de la femme s'accompagne des 1848 et surtout à partir de 1870 du remplacement de "weib" par "frau", plus ancré dans la réalité à chaque montée d'une nouvelle conception des rôles respectifs des deux sexes correspond donc le choix d'une dénomination peu usitée auparavant, qui devient le vecteur lexical du nouveau système avant d'être rejetée à son tour en même temps que ce dernier et de faire l'objet d'une rapide dépréciation. Il est une autre caractéristique des dénominations de la femme et de l'homme : en effet, le champ lexical de l'homme est proche de sa forme actuelle des 1830, alors que son corollaire féminin ne cesse d'évoluer durant tout le XIXe siècle. A un rôle très tôt fixe de l'homme répond une dénomination principale: "mann". En revanche, les dénominations de la femme évoluent au rythme des systèmes de pensées qui la définissent. Le lexique de la femme ne se rapproche de son usage actuel que lorsque les femmes font entendre leurs revendications et entrent dans la sphère publique, à la fin du XIXe siècle.