thesis

Le dialogue avec l'altérité radicale de Foigny à Diderot

Defense date:

Jan. 1, 2010

Edit

Institution:

Bordeaux 3

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

The hypothesis formulated herein is that the frequent meeting of the radical alterity (i. E the Savage, the Natural man or the Utopian) and the dialogue forms a device which aims at representing an ideal voice cancelling any mediation. The question of orality becomes then decisive: while the radical alterity offers a voice which can retrieve a closeness with a prime and oral language, the European voice is hindered by a written culture which prohibits any individual expression. Recitation is denounced in the texts written during the first half of the century : we study in particular the use of the Socratic irony or the mundus inversus’ motive to show that the European interlocutors convey a dead speech that must be invigorated (Lahontan, Delisle de la Drevetière). Are also emphasized the processes bound to the reader-response which aim at producing a confusion between the acts of reading and hearing (Diderot, Marivaux). In the second half of the century, the language, even thought as a representation, is renounced : the inarticulate voice that the dialogue depicts takes a growing importance translated by the return of the body (Diderot), by a poetic search which seeks a truth below the words (Bernardin de Saint-Pierre) or by a praise of the emotion regarded as an immediate form of communication. But the relevance of the device is somehow threatened ; some denounce the idea that a radical alterity could stand as an ideal voice : in L’Ingénu, Voltaire gives back to reading its heuristic power ; and Marivaux regards the radical alterity’s voice as a mere mirror of society’s fantasies.

Abstract FR:

L’hypothèse de cette thèse est que la rencontre fréquente de l’Autre radical (i. E le Sauvage, l’Être de nature et l’Utopien) et du dialogue forme un dispositif qui a pour but de représenter une voix idéale, censée annuler toute médiation. La question de l’oralité devient alors décisive : alors que les Autres radicaux proposent une voix retrouvant une proximité avec une langue première et orale, les voix des Européens sont entravées par une culture écrite faisant écran à toute expression individuelle. Le problème du récité est dénoncé dans les textes de la première moitié du siècle : on étudie notamment l’emploi de l’ironie socratique ou du motif du mundus inversus pour montrer que les interlocuteurs européens sont porteurs d’une parole morte devant être remotivée (Lahontan, Delisle de la Drevetière). Sont également mis en valeur les procédés liés à la réception qui visent à produire une confusion entre la lecture et l’audition (Diderot, Marivaux). Dans la seconde moitié du siècle, le langage, pensé comme une représentation, est rejeté : la voix non-articulée présente dans le dialogue prend une importance grandissante qu’elle se traduise par le retour du corps (Diderot), par une recherche poétique qui fait apparaître un en-deçà des mots (Bernardin de Saint-Pierre) ou par une valorisation de l’émotion comme forme de communication immédiate. Mais la pertinence du dispositif est menacée ; certains dénoncent la capacité de l’Autre radical à produire une voix idéale : ainsi de Voltaire qui dans l’Ingénu rend à la lecture sa puissance heuristique mais aussi, quelque peu anachroniquement, de Marivaux qui voit dans l’Autre radical un miroir des fantasmes de la société.