La bande dessinée en Afrique subsaharienne et son langage : narrativité, iconicité, poéticité
Institution:
Bordeaux 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The existence of African comics and comic strips is attested to by the great number of books and authors. The future of the genre is related to several factors. The multiplication of local newspapers has contributed to their massive production, and where the means are available comics are published in book form. There are a number of reasons that contribute to the ongoing public favor for the comic strip form. On the political level, a decisive factor has been the emergence of democratic debate whose expression can be found in both the private and the public press. The number of newspapers has increased and their pages include comics. The same phenomenon occured in France and Belgium in the early history of the genre. Serving as relays for public service messages aimed at rural populations, comic strips help to counter illiteracy. . Thanks to images people have access to essential information concerning vital questions of survival. With their humorous treatment of such questions comic strips play an important role in Africa. The use of popular forms of discourse in comics can be seen as a game in the sense of Roman Jakobson and his poetic function. It is a game with social overtones : the aim of character dramatization is to reach a particular social group. On the linguistic level, comics and comic strips rely on standard registers, informal discourse and « street talk ». The use of the last two categories is particularly widespread. The informal discourse used in comics is marred with awkwardness, however, but this defect could easily be corrected with greater attentiveness on the part of authors. It is « street talk », above all, which catches the reader’s attention, and this language is a linguistic reality, not an artificial creation as some might think. It remains true, nonetheless, that in the act of « rewriting » authors build a grammar based on the oral model, and on this level a few problems can arise. They mainly concern questions of textual coherence in transcribing the oral to the written form. These problems could be corrected with a greater promotion of this kind of speech for which comics and comic strips are the most accomplished and perhaps the most efficient form.
Abstract FR:
La BD africaine existe. Il y a des œuvres et il y a des hommes. Son avenir reste lié à plusieurs facteurs :– Sa production massive, qu’elle doit à la multiplication des journaux locaux. Quand les moyens le permettent, la BD est éditée en albums. Cet engouement pour la BD persiste grâce à plusieurs moteurs : au plan politique, l’insertion de la démocratisation dans les mœurs est un facteur décisif. En effet, depuis que le vent de la démocratie souffle sur les pays africains, la presse privée ou publique a suivi le mouvement. Les journaux se sont multipliés et, dans leurs colonnes, l’on trouve des BD comme au tout début en France et en Belgique. – La BD diffuse des messages utilitaires en direction des populations rurales et permet de contourner leur illettrisme. De la sorte, ces populations peuvent avoir accès à des sujets sensibles touchant à leur survie, par le biais des images. D’où l’importance de la BD en Afrique, car elle ne manque pas de souligner avec humour les problèmes de la société. – L’usage du parler de type populaire est un jeu â l’instar de la fonction poétique de Roman Jakobson. Ce jeu est aussi d’envergure sociale ; la mise en scène des personnages a pour objectif de pénétrer une couche sociale donnée. Au plan linguistique, la BD tire sa matière des registres standards, familiers et du parler de type populaire. On note un vaste emploi des deux dernières catégories. La langue familière souffre néanmoins de quelques maladresses de forme mais ceci pourrait être corrigé par une attention plus soutenue de la part des auteurs. Mais c’est surtout le parler de type populaire qui retient l’attention du lecteur. Il faut toutefois souligner que ce langage n’est pas une création artificielle comme d’aucuns pourraient le penser, mais une réalité linguistique. Tout au plus, les auteurs dans leurs œuvres de réécriture bâtissent une grammaire sur le modèle oral. C’est alors à ce niveau que s’érigent quelques difficultés. Celles-ci concernent essentiellement la transcription de l’oral à l’écrit, la cohérence du texte. Ces défaillances devront être corrigées pour une meilleure promotion de ce type de parler dont la BD est le support le plus acharné et peut-être le plus efficace.