Ordre du texte et désordre du monde dans les romans de Raymond Queneau
Institution:
Aix-Marseille 1Disciplines:
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Les structures formelles et le jeu de la rime constituent les fondations de l'ordre du texte dans les romans de Raymond Queneau ; ainsi se caractérise sa poétique romanesque. Elle est avant tout marquée par la présence du jeu de la rime dont tous les éléments textuels peuvent être sollicités ; la rime quenienne formant dès lors un procédé fondamental de cette poétique. L'oeuvre se développe sous l'égide du cercle ; même si certains romans présentent une structure linéaire, la figure circulaire touche l'ensemble des romans. L'ordre textuel est systématiquement voué chez Queneau à une telle préoccupation : c'est d'abord parce que l'auteur tenait à une rigueur de construction jugée nécessaire, et non contraignante ; mais c'est aussi afin de circonscrire le désordre qui s'exprime dans l'ensemble romanesque. En effet, cet univers est surtout marqué par une multitude de désordres ou d'inconstances. L'étude aspectuelle du "Chiendent", son premier roman, nous permet d'apporter des réponses concrètes à la démonstration de la dialectique ordre/désordre : ce texte repose sur la présence de structures mathématiques confrontées au chaos cosmique. Il est bien le parangon de l'oeuvre romanesque, une forme de texte fondateur ; les quelques édifices qui se présentent aux yeux du lecteur, se caractérisant par leur instabilité, leur fragilité ou l'indétermination de leur état. Le processus de déstructuration des personnages renvoie chez Queneau à la présence d'un réseau lexical : si le verbe "émietter" et ses dérivés parcourent l'ensemble de l'oeuvre, ils expriment bien cette dislocation de l'être en proie à la déprime, au désespoir. Cet "émiettemnt" psychique du personnage quenien peut se lire également comme un "émiettement" ontologique puisque dans bien des cas, les multiples apparences qu'il endosse ne font qu'accroître sa dilution dans le texte. Ce personnage apparaît souvent comme un être victime du monde entropique dans lequel l'auteur le met en scène, mais il peut lui-même être agent de désordre et être caractérisé de perturbateur.