La fortune de l'Utopie de Thomas More en France à la Renaissance
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
We have to define the expectation of readers and then show how the reading of the work has been directed and finally study literary rewriting in the sixteenth century. Thus, texts show that More was known in France if we consider the Antimorus by De Brie and the writings which were released after his execution. The disclosure of Utopia was fast and it could be seen through editions which came with a varied paratext : an alphabet, a map, letters and poems. The French edition is outstanding for its didactic character and for its critical letter by Budé. The translations by Leblond, Aneau and Chappuys were rather faithful even if they censored the attacks against religion and politics. The Morian text draws its inspiration from Plato, Erasmus's Moria, and from journey stories : the comparison highlights the original treatment of fiction and the absence of real alterity. The status of imagination can't define the Utopian genre while political thinkers as Bodin reject Utopia in the name of realism and the refusal of community of goods. Literary rewritings, the works of Rabelais, and Alector, the novel by Aneau provide us with a definition of Utopia as a genre characterized by the complexity of enunciative strategies (contradiction, irony), and by the calling into question of the notion of ideal (presence of evil, relation to christianism), a genre which is opposed to the didactism of Antangil, in which Utopia is a mere pretext.
Abstract FR:
Il s'agit de définir l'horizon d'attente des lecteurs, de montrer comment la lecture de cette oeuvre a été orientée et enfin d'étudier les reprises littéraires au XVIe siècle. Ainsi, les textes montrent que More est connu en France, notamment par l'Antimorus de De Brie, et les feuilles qui circuleront à Paris, après son exécution. La divulgation de l'Utopie est rapide et se caractérise par des éditions accompagnées d'un paratexte diversifié lettres, poèmes, alphabet et carte. L'édition française se démarque par son caractère didactique et la présence d'une lettre critique de Budé. Les traductions (Leblond, Aneau, Chappuys)font preuve d'une certaine fidélité, même si elles censurent les attaques contre la religion et le politique. Le texte morien s'inspire à la fois de Platon, de la Moria d'Erasme et des récits de voyage la comparaison met en valeur le traitement original de la fiction, et l'absence d'altérité réelle. Le statut de l'imaginaire ne saurait définir le genre utopique tandis que les penseurs politiques, tels que Bodin, rejettent l'Utopie au nom du réalisme et du refus de la communauté de biens. Les reprises littéraires, l'oeuvre de Rabelais et le roman Alector de B. Aneau permettent de définir l'utopie comme un genre qui se caractérise par la complexité des stratégies énonciatives (contradiction, ironie), par la remise en cause de la notion d'idéalité (présence du mal, rapport au christianisme), et cela en oppositon au didactisme d'Antangil, où l'utopie n'est qu'unprétexte.