Temps et récit dans l'oeuvre romanesque de Georges Bernanos
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Narrative temporality in the eight novels of georges bernanos is read at a first level where the time of the story is compated with the referential time of clocks and calendars; this precise reconstitution of the chronology in each novel raises innumerable difficulties, which reveal that, far from slavishly submitting itself to referential charges, bernanos' narrative complies with numerous logics of another nature, but nevertheless remains realist, within the limits of the progressive adjustment of more and more original novelistic forms. At a second level, this time of the story enters into relation with the time of the narrative which tells it, according to four essential modes : order, speed, frequency and scenic structures. So the basic structures and rhythms of bernanos'novels appear : fundamentally discontinuous, but strongly structured, they break the link-up between the instants, through a succession of major scenes, separated by ellipses in which enigmatic division prevails. In this light, evolutions, contrasts and original features appear among all the novels.
Abstract FR:
La temporalite narrative des huit romans de georges bernanos se lit a un premier niveau ou le temps de l'histoire est confronte au temps referentiel des horloges et des calendriers; cette reconstitution precise de la chronologie de chaque roman souleve d'innombrables difficultes, qui revelent que le recit bernanosien, loin de se plier servilement aux contraintes referentielles, obeit a de multiples logiques d'un autre ordre, mais qu'il n'en reste pas moins realiste, dans les limites de la progressive mise au point de formes romanesques de plus en plus originales. A un second niveau, ce temps de l'histoire entre en rapport avec le temps du recit qui raconte, selon quatre modalites essentielles : ordre, vitesse, frequence et structures sceniques. Ainsi apparaissent les structures et les rythmes fondamentaux des romans bernanosiens : foncierement discontinus, mais fortement structures, ils rompent le lien entre les instants, a travers une suite de scenes capitales, separees d'ellipses ou triomphe le morcellement enigmatique. Sous cet eclairage, sous le soleil de satan s'oppose trait pour trait a la nouvelle histoire de mouchette, l'imposture, la joie et un mauvais reve constituent un point d'equilibre, un crime et monsieur ouine partagent la meme appartenance au genre policier, enfin le journal d'un cure de campagne beneficie d'une miraculeuse originalite par sa forme de journal intime. Si georges bernanos n'a guere innove en matiere de technique narrative, certains aspects de son art n'en restent pas moins ouverts a la grande interrogation du roman moderne sur la possibilite meme de raconter, le recit etant le dernier rempart contre la dereliction du temps vecu.