La littérature et les camps : représenter, penser, transmettre l’événement
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis aims at reflecting on the manner in which the experience of the Nazi camps is communicated and conveyed, by applying a philosophical theory of events to literary studies. The purpose of this dissertation is to turn literary criticism into a place where different disciplines meet and eventually to construct a new methodology, able to link literary theory and creation with the historical and hermeneutic current initiated by the event. This study thus focuses on the very first means of communication and apprehension of the event in order to define the nature and specificity of literary creation in a context that tends to view images and raw testimony as rhe main channels of communication. The analysis turns to the event as it enters memory, through the study of seven literary reviews (among which the famous Les Temps Modernes and Esprit) and a large corpus of literary works (by Marguerite Duras, Maurice Blanchot, Georges Perec or more recent authors like François Bon and Amélie Nothomb). This work tackles the modes of visibility and intelligibility of such a memory and develops the idea of genocide and concentration camps hermeneutics, the event being the founding dynamic principle in the process of elaboration of new aesthetics and in literature ability to dote the world with new signs and meanings. This work ultimately deals with the specific function of speech that hampers the cultural assimilation and the artistic and fictional communication of the event. This aspect of the analysis, after pointing to the problematic relationship between society and the present event, suggests the idea of a common legacy, looking onto future uses of the event.
Abstract FR:
Ce travail de thèse a pour ambition de penser la communication et la transmission de l’expérience des camps dans le cadre d’une théorie philosophique de l’événement appliquée aux études littéraires. Nous désirons faire de la critique littéraire un lieu de confrontation entre différents champs disciplinaires pour ériger une méthodologie nouvelle, apte à articuler le discours et la pratique littéraires à la dynamique historique et herméneutique ouverte par l’événement. Ainsi reviendrons-nous sur les modes de communication et d’appréhension initiaux de l’expérience des camps pour spécifier la nature et l’originalité du geste littéraire dans un contexte qui tend à privilégier l’image et le témoignage brut comme vecteurs principaux de communication. Nous analyserons et problématiserons ensuite le devenir-mémoire de l’événement par l’étude d’un corpus de sept revues littéraires (parmi les plus célèbres citons Les Temps Modernes et Esprit) et par l’analyse d’un large corpus d’œuvres littéraires (Marguerite Duras, Maurice Blanchot, Georges Perec ou plus récemment François Bon ou Amélie Nothomb etc. ) : nous reviendrons alors sur ses modes de visibilité et d’intelligibilité et développerons l’idée d’une herméneutique concentrationnaire et génocidaire qui tend à faire de l’événement un principe moteur dans l’élaboration d’esthétiques nouvelles et dans la capacité de la littérature à enrichir le monde de significations nouvelles. Enfin notre travail s’achèvera sur la mise en relief d’un ordre du discours qui rend difficile l’absorption culturelle et la transmission artistique et fictionnelle de l’événement. Ce versant d’analyse nous permettra alors d’opposer au rapport problématique et présentiste de la société à l’événement l’idée d’une patrimonialisation ouverte, tournée vers les usages futurs de l’événement.