Entre clair-obscur et clairvoyance : François Mauriac et les arts
Institution:
Bordeaux 3Disciplines:
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Abstract EN:
In chances of his “television fork”, François Mauriac wrote in 1962, having stigmatized the pictorial erotism of Leonor Fini: « I am full of humility, because in art I have ideas of the other world, we suspect it. » Humility or not, he did not stop, during his long life, to recall, incidently indeed, in the course of his romantic and journalistic, subtle and definite writing, the world of arts, the artists and their writings, their prowess and their errors, their restless wandering sometimes. From its writings, the portrait of a man frees who was indeed interested by the inventive world in which he participated as actor, as judge also, that in spite of his euphemistic denials which manifest some conservative preventions inherited of his childhood. The subject of this thesis concentrates a paradox. Mauriac wrote comparatively short texts on arts - when these do not limit themselves to allusions disseminated in the mass of his production-, texts for which it was a problem to know where they were located them, and that represents a broad part of this work. For instance, his political thoughts are sometimes pretexts to serve artistic evocations …Therefore, the expanse of this subject is not restricted in a work or a type, as well as in a period of the life of François Mauriac, and rests on a perspective which allows to take into account evolution, if evolution there is always, of the look whet by the writer on arts, in their diversity : painting, sculpture, Decorative arts, music, dance and also song - “art minor” if Serge Gainsbourg’s right - who sparsely comes to gladden the speech of the polemicist. This thesis is a diptych, with a first party, double : the formation of Mauriac, family formation, then amicable, sociale, and socio-historical context are first recalled, wars and trips also, in which this formation developed, around 14-18 precisely. At second time, we are interested in the author in gestation, then confirmed author, in the way he manifested with constancy, truculence indeed, of an anxious rejection of artistic tendencies, modernist, or pretended such, among which the XXth century was the crucible, between Cubism, Russian ballets, Surrealism, jazz and foxtrot, without forgetting Dada, front before abstraction and twist, “barbarisms” in any types; higher bid considered as destructive, “déstructurantes”, nihiliste.
Abstract FR:
Aux hasards de sa fourchette télévisuelle, François Mauriac écrivait en 1962, après avoir stigmatisé l’érotisme pictural de Leonor Fini : « Je suis plein d’humilité, car en art j’ai des idées de l’autre monde, on s’en doute. »Humilité ou pas, celui-ci ne cessa sa vie durant d’évoquer, certes incidemment, au fil de sa plume romanesque et journalistique, subtile et précise, le monde des arts, les artistes et leurs œuvres, leurs prouesses et leurs erreurs, leur errance parfois. Se dégage de ses écrits le portrait d’un homme qui s’intéressa de fait à l’univers créatif auquel il participait en acteur, souvent en juge aussi, malgré ses dénégations euphémiques qui témoignent de préventions conservatrices héritées de l’enfance. Humilité ou pas, celui-ci ne cessa sa vie durant d’évoquer, certes incidemment, au fil de sa plume romanesque et journalistique, subtile et précise, le monde des arts, les artistes et leurs œuvres, leurs prouesses et leurs erreurs, leur errance parfois. Se dégage de ses écrits le portrait d’un homme qui s’intéressa de fait à l’univers créatif auquel il participait en acteur, souvent en juge aussi, malgré ses dénégations euphémiques qui témoignent de préventions conservatrices héritées de l’enfance. Le sujet de cette thèse recouvre un paradoxe. Mauriac écrivit des textes relativement brefs sur les arts - quand ceux-ci ne se limitent pas à des allusions disséminées dans la masse de sa production -, textes qu’il s’est agi de retrouver où qu’ils se trouvent, en quoi a consisté une large part de l’entreprise. Ses pensées politiques sont ainsi parfois prétextes à évocation artistique… L’étendue de ce sujet ne se restreint donc pas à une œuvre ou un genre, non plus qu’à une période de la vie de François Mauriac, et repose sur une perspective qui permet de tenir compte de l’évolution, si évolution il y a toujours, du regard aiguisé de l’écrivain sur les arts, dans leur diversité. Entendons : la peinture, la sculpture, les Arts décoratifs, la musique, la danse et aussi la chanson, art mineur si l’on en croit Serge Gainsbourg, qui vient parcimonieusement égayer le discours du polémiste. Ce travail se présente comme un diptyque : une première partie, double. Sont ainsi d’abord évoqués la formation de Mauriac, formation familiale, puis amicale, mondaine, et le contexte socio-historique – guerres et voyages, dans lequel elle s’est développée, autour de 14-18 justement. En un second temps, nous nous intéressons à l’auteur en gestation, puis auteur confirmé, à la manière dont il a témoigné avec constance, pugnacité voire, d’un rejet inquiet des tendances artistiques, modernistes, ou prétendues telles, dont le XXe siècle a été le creuset, entre cubisme, ballets russes, surréalisme, jazz et fox-trot, sans oublier Dada, avant l’abstraction et le twist, « barbaries » en tous genres ; surenchère jugée destructrice, déstructurante, nihiliste. Pour autant, et cela forme le deuxième volet de cette thèse que nous avons qualifiée de diptyque, nous nous intéressons ensuite aux solutions envisagées par Mauriac, collectionneur, pour que la lumière l’emporte de nouveau sur cet univers enténébré, y compris au plan des arts, Mauriac qui préconise un retour à des sources classiques prêtes à ressusciter. Encore faut-il y croire. Et Mauriac croit. L’enfance, inaltérable comme le souvenir qu’il s’en est forgé, constitue à ses yeux le meilleur des boucliers contre les blessures d’un temps névrosé, mal orchestré par une humanité à la dérive, qui ne tourne que sur elle-même : « L’art abstrait témoigne que l’homme n’a rien à dire, rien à exprimer ni à fixer, s’il se coupe du monde tel que le capte le regard d’un enfant… »