Hervé Guibert : de l'invention de soi comme fiction
Institution:
Saint-EtienneDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
According to Herve Guibert, writing is a way of unveiling himself and showing his privacy : he is the main character of his own books. These tell the story of a body. More often than not, this body bears a name : the author's one. Apparently, Herve Guibert passes a very explicit pact with the reader : the narrator is thoroughly the author, and the story we are reading are autobiographical. This attitude shows Guibert's will to reach the picture of himself as true as possible. The search of this picture induces a careful, and almost clinical, examination of himself. Therefore, Guibert's works are also characterized by a game between truth and lie, and their artistic interest comes from a tension between autobiography and fiction. By little and little, reality vanishes, replaced by a permanent feeling of uncertainty. The events are related between dream and consciousness, bordering on fantasy literature
Abstract FR:
Pour Hervé Guibert, l'écriture est vécue comme le vecteur privilégié d'un dévoilement de soi et de son intimité : il a fait de lui son propre personnage. Ses livres racontent l'histoire d'un corps lancé dans certaines aventures. Ce corps a le plus souvent un nom : celui de l'auteur. En apparence, Hervé Guibert passe donc un pacte on ne peut plus explicite avec le lecteur : le narrateur est bien l'auteur, et les récits que nous sommes en train de lire sont autobiographiques. Cette attitude traduit la volonté de l'auteur de se rapprocher au plus près de l'image de soi la plus exacte possible. La recherche de cette image passe par un examen minutieux, et quasi clinique, de soi, mais aussi par une série de doubles qui constituent autant de miroirs susceptibles de lui renvoyer tous les âges de sa vie à la fois. De la sorte apparait la volonté poursuivie par l'auteur à travers l'écriture, à savoir une ressaisie intégrale de soi, de la naissance au tombeau. Mais les doubles qui sont à l'oeuvre dans ses récits constituent également un évident relais fictionnel. Car l'oeuvre d'Hervé Guibert tire sa force artistique de la tension entre autobiographie et fiction. Tout entière caractérisée par un jeu entre vérité et mensonge, elle se situe précisément au point de brouillage de ces deux termes. Son plaisir d'écrivain consiste en effet à coller des particules de mensonge sur une base on ne peut plus réelle, et cela sans indication de frontière, jusqu'à créer une sorte d'indécidable, très en phase avec la notion d'autofiction inventée par Doubrovsky. Ainsi, la réalité finit peu à peu par s'estomper, au profit d'une incertitude permanente, qui fait flotter les évènements relatés entre rêve et conscience, à la lisière du fantastique