Le dialogue philosophique dans les contes de Voltaire
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This essay attempts to study the philosophical dialogue in Voltaire’s writings, not as the codified genre in itself, but as a device present in the tales. The analysis of these works could make up an example likely to open a new research perspective on the use of philosophical dialogue in the narrative genre. To be specific, it enables to bring out recurring features on the philosophical and aesthetic levels : distrust of language and speech, implying a necessity to redefine a concise, precise and efficient peech to be used in the field of social relationships, in the dealing with moral problems met in everyday life, as well as in scientific research ; rejection of metaphysical questions even if they remain obsessive, and reflection on the openmindedness and candour of the speakers. The aesthetics of the dialogues reflect these conceptions : preference for brevity, dialogues written as parables or as apologues, taken as prophecies or revelations to express intuitions which couldn’t be demonstrated, and original approach of the topic of the conversation. The interaction between the philosophical dialogue and the pattern of the tale turns out to be extremely fruitful : the characters’ adventures add to the depth of the talks, confront them with the facts and confirm their truth or lack of relevance. The characters are conditioned to live an economic, scientific or philosophical experience. They nurture their new knowledge or persist in their naivety or even their stupidity. The flexibility of the tale as a genre favours the emergence of satire in the etymological as well as modern meaning of the word. Dialogues acquire a specificity that leads to the parody of its principle or gives birth to, among other things, a dramatic narrative writing the originality of which must be emphasized.
Abstract FR:
Ce travail se propose d’étudier le dialogue philosophique chez Voltaire non pas en tant que genre autonome et codifié mais en tant que procédé présent dans les contes. L’analyse de ces oeuvres constituerait un cas représentatif susceptible d’ouvrir une perspective nouvelle de recherche sur l’utilisation du dialogue philosophique dans le genre narratif. Elle permet en l’occurrence de dégager des constantes sur le plan philosophique et esthétique : méfiance par rapport au langage et à la parole, nécessité de redéfinir une parole concise, juste et efficace dans le cadre des relations sociales, dans le traitement des problèmes moraux liés à la vie pratique et dans le domaine de la recherche scientifique, disqualification des questions métaphysiques quand bien même elles restent obsessionnelles, réflexion sur l’attitude d’ouverture et d’honnêteté intellectuelle des interlocuteurs. L’esthétique des dialogues rend compte de ces conceptions : parti pris de la brièveté, dialogue ayant la forme de parabole ou d’apologue, ayant valeur de prophétie ou de révélation pour exprimer des intuitions qui ne sauraient être démontrées, traitement original du topos de la conversation. L’interaction entrele dialogue philosophique et la forme du conte s’avère extrêmement fructueuse : les aventures des personnages donnent une épaisseur supplémentaire aux propos échangés, les confrontent aux faits, confirment leur validité ou soulignent leur absence de pertinence. Les personnages sont placés dans des conditions qui leur font vivre une expérience de nature économique, scientifique ou philosophique. Ils mûrissent leurs nouvelles acquisitions intellectuelles ou persistent dans leur naïveté voire leur bêtise. La souplesse du genre du conte favorise l’émergence de la satire au sens étymologique du terme et dans son acception plus moderne. Le dialogue acquiert une spécificité qui consiste en la parodie de son principe ou qui donne naissance, entre autres, à une écriture narrativo-théâtrale dont l’originalité est à souligner.